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> [Anecdotes du Ier Empire], Vive l'Empereur !
Damned
post 11/02/06 , 4:11
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Fée du logis
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Voici quelques anecdotes de l'Empire Napoléonien, tirés de diverses sources. Ca ne reste qu'une ébauche, bien d'autres suivront dans un futur plus ou moins proche, au grés de mes diverses lectures ainsi que de ma motivation au recopiage (incité par vos réponses).

1) La revanche à la Francaise.

Nous n'étions qu'à dix lieues de Francfort ; cette ville, encore libre, et que son commerce rendait immensément riche, était depuis longtemps le foyer de toutes les intrigues ourdies contre la France, et le point de départ de toutes les fausses nouvelles qui circulaient en Allemagne contre nous. Ainsi le lendemain matin de la bataille d'Austerlitz et lorsque le bruit se répandit qu'il y avait eu un engagement dont on ne savait pas encore le résultat, les habitants de Francfort assuraient que les Russes étaient vainqueurs ; plusieurs journaux poussèrent même la haine jusqu'à dire que les désastres de notre armée avaient été si grands que pas un seul Français n'en avait échappé !...
L'Empereur, auquel on rendait compte de tout, dissimula cette information jusqu'au moment ou, prévoyant la possibilité d'une rupture avec la Prusse, il rapprocha insensiblement ses armées des frontières de ce Royaume. Voulant alors punir l'impertinence des Francfortois, il ordonna au maréchal Augereau de quitter à l'improviste Darmstadt et d'aller s'établir avec tout son corps d'armée dans Francfort et sur son territoire.
L'ordre de l'Empereur portait que la ville devait, le jour de l'entrée de nos troupes, donner comme bienvenue un louis d'or à chaque soldat, deux aux caporaux, trois aux sergents, dix aux sous lieutenants et ainsi de suite !... Les habitants devaient, en outre, loger, nourrir la troupe et payer pour frais de table, savoir : Au maréchal six cent francs par jour, aux généraux de division quatre cents, aux généraux de brigade deux cents, aux colonels cent : Le sénat était tenu d'envoyer tous les mois un million de francs au Trésor Impérial de Paris.
Les autorités de Francfort, épouvantées d'une contribution aussi exorbitante, coururent chez l'envoyé de France ; mais celui-ci, auquel Napoléon avait donné des instructions, leur répondit : « Vous prétendiez que pas un seul Français n'avait échappé au fer des Russes ; L'Empereur Napoléon a donc voulu vous mettre à même de compter ceux dont se compose un seul corps de la grande armée. »

2) La fameuse famille des Rothschilds.

Obliger de quitter Cassel ayant été occupé par nos troupes, les agents du Trésor Français y saisirent des valeurs considérables, surtout en tableaux ; mais on n'y trouva pas d'argent monnayé. Il paraissait cependant impossible que, dans sa fuite précipitée, l'Electeur eût enlevé la totalité de son immense fortune. Or, comme, d'après ce qu'on était convenu d'appeler les lois de la guerre, les capitaux et les revenus des valeurs trouvés en pays ennemi appartiennent de droit au vainqueur, on voulut savoir ce qu'était devenu le trésor de Cassel. Les informations prises à ce sujet ayant fait connaître qu'avant son départ l'Electeur avait passé une journée entière avec le Juif Rothschild, une commission Impériale se rendit celui-ci, dont la caisse et les registres furent minutieusement examinés. Mais ce fut en vain ; on ne trouva aucune trace du dépôt fait par l'électeur. Les menaces et l'intimidation n'eurent aucun succès, de sorte que la commission, bien persuadée qu'aucun intérêt mondain ne déterminerait un homme aussi religieux que Rothschild à se parjurer, voulut lui déférer le serment. Il refusa de le prêter. Il fut question de l'arrêter, mais l'Empereur s'opposa à cet acte de violence, le jugeant inefficace. On eut alors recours à un fort peu honorable. Ne pouvant vaincre la résistance du banquier, on espéra le gagner par l'appât du gain. On lui proposa de lui laisser la moitié du trésor s'il voulait livrer l'autre à l'administration française ; celle-ci lui donnerait un récépissé de la totalité, accompagné d'un acte de saisie, prouvant qu'il n'avait fait que céder à la force, ce qui le mettrait à l'abri de toute réclamation ; mais la probité du Juif fit encore repousser ce moyen, et, de guerre lasse, on le laissa en repos.
Les 15 millions restèrent donc entre les mains de Rothschild depuis 1806 jusqu'à la chute de l'Empire, en 1814. A cette époque, l'Electeur étant rentré dans ses états, le banquier Francfortois lui rendit exactement le dépôt qu'il lui avait confié. Vous figurez-vous qu'elle somme considérable avait dû produire dans un laps de temps de huit années les interets d'un capital de 15 millions entre les mains d'un seul homme ?... Aussi est ce de cette époque que date l'opulence de la maison des frères Rothschild, qui durent ainsi à la probité de leur père la haute position financière qu'ils occupent aujourd'hui dans tous les pays civilisés. (Anecdote écrite en 1840)

3) Le Roi trouvé.

Je dois ici vous faire connaitre un fait des plus remarquables, et qui prouve combien le hasard influe sur la destinée des empires et des hommes.
Vous avez vu que le maréchal Bernadotte, manquant à ses devoirs le jour d'Iena, s'était tenu à l'écart pendant que le maréchal Davout combattait non loin de lui, contre des forces infiniment superieures. Eh bien ! Cette conduite inqualifiable lui servit à monter sur le trône de Suede, et voici comment.
Aprés la bataille d'Iena, l'Empereur, bien que furieux contre Bernadotte, le chargea de poursuivre les ennemis, parceque le corps d'armée que ce général commandait, n'ayant même pas tirté un coup de fusil, était plus à même de combattre que ceux qui avaient éssué des pertes. Bernadotte se mit donc sur la trace des Prussiens, qu'il battit d'abord à Halle, puis à Lubeck, avec l'appui du Maréchal Soult. Or, le hasard voulut qu'à l'heure même ou les Francais attaquaient Lubeck, des vaisseaux portant une division Suédoise, que le Roi Gustave IV envoyait au secours des Prussiens, entrassent dans le port de cette ville. Les troupes suédoises étaient à peinde débarquées, lorsque, attaquées par les troupes Francaises et abandonnées par les Prussiens, elles furent obligés de mettre bas les armes devant le corps de Bernadotte. Ce maréchal, qui, je dois l'avouer, avait, lorsqu'il le voulait, des manieres fort engageantes, etait surtout désireux de se faire aux des étrangers la réputation d'un homme bien élevé; il traita donc les officiers Suédois avec beaucoup d'affabilité, car, aprés leur avoir accordé une honorable capitulation, il leur fit rendre leurs chevaux et bagages, pourvut à leurs besoins, et invitant chez lui le commandant en chef comte de Moerner, ainsi que les généraux et officiers supérieurs, il les combla de bontés et prévenances, si bien qu'à leure retour dans leur patrie, les Suédois vantèrent partout la magnanimité du maréchal Bernadotte.
Quelques années aprés, une révolution ayant éclaté en Suéde, le Roi Gustave IV, qu'un grand désordre d'esprit rendait incapable de régner, fut renverser du trône et remplacé par son vieil oncle, le Duc de Sudermanie. Ce nouveau monarque n'ayant pas d'enfants, les Etats assemblés pour lui désigner un successeur porterent leur choix sur le prince Holstein-Augustenbourg, qui prit le titre de Prince Royal. Mais il ne jouit pas lngtemps de cette dignité, car il mourrut en 1811 à la suite d'une trés courte maladie qu'on attribua au poison. Les assemblés derechef pour un élire un nouvel héritier de la couronne, hésiterent entre plusieurs princes d'Allemagne qui se portaient comme candidats, lorsque le général comte de Moerner, l'un des membres les plus influents des Etats et ancien commandant de la division suédoise, prise à Lubeck en 1806 par les troupes Francaises, proposa le Maréchal Bernadotte, dont il rappela la conduite généreuse. Il vanta, en outre, les talents militaires de Bernadotte, et fit observer que ce Maréchal était par sa femme allié à la famille de Napoléon, dont l'appui pouvait être si utile à la Suède. Une foule d'officiers, jadis pris à Lubeck, ayant joints leurs voix à celle du général de Moerner, Bernadotte fut élu presque à l'unanimité successeur du roi de Suède et monta sur le trone quelques années plus tard sous le nom de Charles XIV Jean. (A noter que les descendants de ce modeste fils d'avocat Parisien, sont toujours sur le trône Suedois.)
Ps : Il est rapporté que, de son vivant, Charles XIV Jean n'aurait laissé aucun médecin l'examiner torse nu. On en aurait découvert l'explication lors de sa toilette funèbre : cet ancien soldat de la République aurait en effet été porteur d'un tatouage disant « Mort aux rois ! »

4) Gloires aux vaincus. (1/2)

A peu de distance de la ville d'Ulm, un combat terrible et opiniâtre s'engagea entre les Français et les Autrichiens. Il durait depuis deux heures, quand tout à coup, on entendit des cris de "Vive l'Empereur !" Ce nom qui portait toujours la terreur dans les rangs ennemis, et qui encourageait partout les soldats impériaux, les électrisa à tel point qu'ils culbutèrent les Autrichiens. L'Empereur s'avança en première ligne, criant "En avant !" en faisant signe aux soldats d'avancer. De temps en temps, le cheval de Sa Majesté disparaissait au milieu de la fumée et de la mitraille. Durant cette charge furieuse, l'Empereur se trouva près d'un grenadier grièvement blessé. Ce brave s'efforçait de crier comme les autres "En avant ! En avant !". Napoléon s'approcha de lui et lui donna son manteau en disant : "Tâche de me le rapporter, je te donnerai en échange la croix que tu viens de gagner". Le grenadier qui se sentait mortellement atteint, répondit à Sa Majesté que le linceul qu'il venait de recevoir valait bien la décoration, et il expira peu après, enveloppé dans le glorieux manteau. Le combat terminé, l'Empereur fit relever son corps et ordonna qu'il fût enterré dans son impérial linceul.

5) Gloires aux vaincus (2/2).

Cet affrontement eut lieu aux alentours du pont d'Elchingen de la rive droite vers la rive gauche pour aller donner la main à la division Dupont, menacée par les Autrichiens ... Alors que ce pont était en partie détruit par les pluies torrentueuses du fleuve en crue, c'est à l'aube du 14 Octobre 1805 que les sapeurs entreprirent de le restaurer, travaillant dans l'eau glacée et sous le feu ennemi... Chaque planche clouée coûtait trois morts ! ... Des voltigeurs et des grenadiers s'élancèrent ensuite sur cette réparation rudimentaire, Napoléon arrivant en personne à la tête du pont qui devint vite un véritable charnier. Les dragons du brave Maréchal Bessières débouchèrent sur le plateau et chargèrent les Autrichiens, pris également à revers par les troupes de Dupont. L'ennemi finit par se retirer... Napoléon a suivi de près toute l'attaque, en s'exposant souvent ... C'est alors qu'à un canonnier, à qui un boulet a emporté la cuisse, il remit sa propre Légion d'honneur, détachée de sa poitrine :
- "Tiens ! lui dit-il, tu pourras, tranquillement, finir ta vie à l'hôtel des Invalides."
Et le canonnier de répondre :
'"Non, non, la saignée est trop forte. Mais je m'en fous... Vive l'Empereur !"


Sources :

- Mémoires du Général Baron de Marbot.
- Mémoires de Constant.
- Les "Annales" n°49, le périodique semestriel des Compagnons de l'Empire.

Bien à vous,

Damned


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- Supposez que je sollicite de vous en tant qu'étranger en route vers l'Ouest de chercher ce qui a été perdu, qu'est-ce que vous diriez ?
- Dans ce cas je dirais : d'où venez-vous mon ami ?
- Et je vous répondrais : de l'Est tout en espérant que vous irez transmettre mon message à la Veuve pour le salut de tous ses fils...
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geoff1908
post 13/02/06 , 16:53
Message #2



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Malgré mon ignorance quasi-totale à propos de Napoléon, c'est sympa comme tout ces anecdotes. Maintenant, allez prouver les faits, Napo aux premières lignes, ça en jette, mais bon...

Geoff, qui préfère pas imaginer la tête du Damned si l'Empereur lui revenait en chair et en os.


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L'arc! Les elfes sont les meilleurs archers du monde, la preuve, ils le disent eux-mêmes. Le problème, c'est que les fées et les papillons qui volettent en permanence autour d'eux les empêchent systématiquement d'atteindre leur cible. la preuve, tout le monde se fout de leur gueule et personne n'en est jamais mort.
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Damned
post 14/02/06 , 20:55
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Fée du logis
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Ayant eut la confirmation que cela intéressait quelqu'un dans l'assemblée je continue de collecter les anecdotes plutot marrante des divers livres qui m'ont été donné de lire.

1) Le yéti, cet animal extraordinaire.

Dans quelques uns de ces combats, j'eus l'occasion de voir le général de brigade Macard, soldat de fortune, que la tourmente révolutionnaire avait porté presque sans transition du grade de trompette major à celui d'officier général ! Le général Macard, véritable type de ces officiers créés par le hasard et par leur courage, et qui, tout en déployant une valeur très réelle devant l'ennemi, n'en étaient pas moins incapables par leur manque d'instruction d'occuper convenablement les postes élevés, était remarquable par une particularité très bizarre. Ce singulier personnage, véritable colosse d'une bravoure extraordinaire, ne manquait pas de s'écrier lorsqu'il allait charger à la tête de ses troupes : « Allons, je vais m'habiller en bête !... » Il ôtait alors son habit, sa veste, sa chemise, et ne gardait que son empanaché, sa culotte de peau et ses grosses bottes !... Ainsi, quasiment nu le général Macard se lançait à corps perdu, le sabre au poing, sur les cavaliers ennemis, en jurant comme un païen ; mais il parvenait rarement à les atteindre, car à la vue si singulière et si terrible à la fois de cette espèce de géant à moitié nu, couvert de poils et dans un si étrange équipage, qui se précipitait sur eux en poussant des hurlements affreux, les ennemis se sauvaient de tous côtés, ne sachant trop s'ils avaient affaire à un homme ou à quelque animal féroce extraordinaire.

2) Le sobriquet.

L'adjudant du 25e de chasseurs, nommé Reissier, était un fort brave militaire, ayant bien fait la guerre, mais homme de peu de moyens et manquant totalement d'instruction. Il n'avait pour lui qu'une très belle main et beaucoup de zèle. Resté longtemps dans les grades inférieurs, il avait passé la trentaine lorsqu'il fut adjudant. Enfin, pendant notre séjour à Toulouse, sa bonne conduite et sa manière de servir lui firent obtenir le grade de sous-lieutenant. M.Reissier ayant été à cette occasion faire visite au commandant Blanchville, qui lui portait interet, celui-ci lui dit, avec sa brusque franchise, qu'il ne suffisait pas qu'un officier commandât bien son peloton, mais qu'il fallait qu'il joignit aux connaissances militaires une instruction générale et suffisante ; qu'il l'engageait donc à lire beaucoup et surtout des livres d'histoires.
M. Reissier, rempli de bonne volonté, se rend chez un libraire et lui de mande des ouvrages instructifs. « Lesquels désirez vous ? -Je voudrais des histoires. -Mais de quel pays ? De quel époque ? » Voila mon Reissier dans un très grand embarras et, comme il voulait lire les histoires, le libraire, pour le faire partir de la Création, vous lui campe en main une grosse bible ou Histoire Sacrée. Le nouvel officier va s'enfermer pour dévorer son livre et depuis ce moment, par un travers d'esprit assez commun chez les personnes qui commencent leur instruction trop tard, il prit la manie de parler toute la journée de qu'il avait lu le matin, et, comme son nouveau grade lui avait donné le droit de manger à la table des lieutenants et sous-lieutenants, il ne tarda pas à nous fatiguer avec ses éternelles citations de la Bible, car, n'importe de quoi l'on parlait, on était certain que Reissier trouvait le moyen de mettre sur le tapis les faits et geste de Noé, Abraham et autres personnages de l'Ancien ou du Nouveau Testament. Il ne sortait pas de là, ce qui devenait vraiment fastidieux et magnétisant pour tous ses camarades, qui le fuyaient comme la peste, bien qu'au demeurant ce fût un bon garcon à sa monomanue prés.
Je n'ai jamais été un mystificateur ; c'est un genre que je déteste ; cependant j'avoue qu'ainsi que tous mes camarades, je grillais de trouver l'occasion de mettre fin aux citations de l'ennuyeux Reissier. Or, un jour que le régiment revenant d'une promenade militaire cotoyait les magnifiques prairies qu'arrose la Garonne, l'influence de l'air de ce fleuve et quelque Diable aussi me poussant, je dis à Reissier qui, passant prés de moi, paraissait chercher l'occasion de me parler de David ou des Macchabées : « Convenez, mon cher Reissier, qu'il faut que les Toulousains soient bien négligents pour ne pas avoir élevé dans célèbre prairie un monument destiné à rappeler l'important fait historique dont elle a été témoin.
- Un fait historique, quel est il, je vous prie ?
- Allons donc, Reissier, vous voulez faire l'ignorant, mais vous connaissez si bien les histoires de la Bible, vous savez tout comme moi que c'est dans cette prairie que Nabuchodonosor, changé en bête, a pâturé pendant sept ans.
- Non, vraiment, je ne le savais pas, mais je suis enchanté de l'apprendre.
Mon ami Gavoille, qui avait entendu cette conversation, en retenant une grande envie de rire, va conter la chose à un autre sous-lieutenant et dans un instant elle fut connue de tous les officiers du régiment. Cependant, maître Reissier, brûlant de faire parade de son érudition, s'était esquivé sous un prétexte quelconque et, gagnant la tête de la colonne ou se trouvait M.Blancheville, il s'adresse à ce commandant en blâmant la négligence des Toulousains, qui n'ont pas élevé une pyramide dans cette prairie si célèbre dans les histoires. Alors, M.Blancheville d'un ton sévère ;
« Pourquoi, est elle célèbre monsieur ?
- Ah ! Mon commandant sait mieux que mois que c'est ici que Nabuchodonosor, changé en bête, a pâturé pendant sept ans.
- Et qui vous a fait avaler cette bourde ?
- Mais' Le sous-lieutenant Marbot' A lu cela dans les histoires'
- Et vous ne voyez pas que ces jeunes se f? de vous, grand Colas. C'est vous qu'on devrait attacher ici pour vous faire brouter l'herbe pendant sept ans. »
Ainsi rabroué, le pauvre Reissier retourna l'oreille basse vers le peloton ; mais dés que le régiment eut mis pied à terre, il vient à moi d'un air moitié confus, moitié rodomont et me dit : « Il est certain que vous connaissez les histoires mieux que mois, mais nous allons voir si vous tirez aussi bien le sabre? »
Il n'y avait rien à dire à cela. Il était dans son droit et j'avais tort. On se rendit dans un terrain vague derrière l'Eglise des Anciens Jésuites ; Là Mr Reissier me donna un fort coup de pointe dans le côté et je le blessai légèrement au pied. Puis on nous fit embrasser et chacun s'en fut chez soi. La blessure de Reissier ne fut pas plus grave que la mienne, mais le pauvre garçon reçut de tout le régiment le sobriquet de Nabuchodonosor dont il ne put jamais se débarrasser. Il se fâcha, il se battit plusieurs fois, il pria rien n'y fit ; le sobriquet lui resta toujours et, dix ans après, lorsque étant colonel du 23e chasseurs, je rencontrai pendant la campagne de Russie le 25e, dans lequel M.Reissier était devenu capitaine, on ne parlait jamais de lui dans ce corps sans l'appeler Nabuchodonosor.

QUOTE
Maintenant, allez prouver les faits, Napo aux premières lignes, ça en jette, mais bon...

Il ne fait aucun doute que l'anecdote dont tu fais mention n'ait été embellie (A la méthode: image d'Épinal), mais je peux t'assurer que l'Empereur se portait souvent vers l'avant afin de relancer l'ardeurs des combattant et juger au mieux de la situation (Lui valant une balle dans la cuisse durant une campagne Autrichienne). De là à ce qu'il brandisse son épée en tant que piéton dans la masse, serait un pas que je ne franchirais pas. Finit les campagnes d'Italie en tant que simple général, il avait un Empire à diriger et aucun héritier à l'époque pour faire perdurer sa dynastie en cas de décés.
QUOTE
qui préfère pas imaginer la tête du Damned si l'Empereur lui revenait en chair et en os.

Blême, proche de l'anémie, avec l'?il qui tourne en sus.

Damned.


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- Supposez que je sollicite de vous en tant qu'étranger en route vers l'Ouest de chercher ce qui a été perdu, qu'est-ce que vous diriez ?
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shamanking
post 14/02/06 , 22:28
Message #4





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Arf, desole Damned, j'avais pas vu ton post. Pourtant c'est franchement bien tes anecdotes, moi j'adore. C'est un travail excellent ce que tu nous a fait la, je te felicite (ca fait pas un peu du style "bravo mon petit, t'a bien travaille, t'aura un bon point "? Enfin si c'est le cas, c'est pas le but recherche wink.gif ). Toujours est-il que je suis le deuxieme membre de la communaute que ca interesse smile.gif

shaman


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Etienne, Duc d'Aquitanie
post 15/02/06 , 1:02
Message #5


Architecte de l'Ombre
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Et moi le troisième...Sans avoir eu le temps de lire en détail tout ca, j'ai parcouru rapidement, et j'ai hate de pouvoir y passer un peu plus de temps, pour pouvoir revenir la dessus plus en détail...Après les concours en gros...Ou peut etre pas en fait...Enfin bref, ca n'intéresse personne, j'ai pris le temps de lire l'anecdote sur le yéti, ca m'a bien amusé...
Merci pour tout ca.
Titi - Vivement que j'ai le temps...


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Quiky
post 15/02/06 , 9:21
Message #6


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J'ai toujours apprécié les annectodes ça permet de voir cela de voir l'autre face de l'histoire, loin des personnages qu'on nous décrit généralement comme un Napoléon impassible,...

J'attends la suite avec impatience


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Triz'
post 15/02/06 , 13:33
Message #7


Ex Medfanis Scifico Moderatus
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Quel goujat je fais...

J'ai lu, j'ai apprécié, et je ne t'en ai pas fait part...
Mes encouragements donc au moins pour que tu continues... wink.gif


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Ennemi Personnel /Background Rackham. Immunité /Nuits Blanches. Râleur instinctif (les "1" ne sont pas des échecs).
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Belannaer
post 15/02/06 , 17:35
Message #8


Chicaneur Double-Face
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Très sympa ces petites anecdotes, c'est cool de nous écrire tout ça.
J'ai pas eu le temps de tout lire mais j'y compte bien ! J'ai beaucoup aimé la Gloire aux vaincus 2 (Il étaient quand même vachement plus courageux que nous à l'époque) et le Yéti...


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"Les dieux sourient aux armées ayant l'infanterie la plus disciplinée, la cavalerie la plus rapide, les archers les plus précis et les meilleurs généraux." Annuriel de Cothique
"Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait." Subtil, Roi des Six-Duchés
"On pardonne plus facilement aux autres d'avoir eu tort que d'avoir eu raison." Albus Dumbledore
"Qu'est-ce, en effet, que craindre la mort, citoyens, sinon se prétendre en possession d'un savoir que l'on n'a point ?" Socrate
"La guerre, qui était cruelle et glorieuse, est devenue cruelle et sordide." Winston Churchill
"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas les faire, c'est parce que nous n'osons pas les faire qu'elles sont difficiles." Sénèque
"Joueurs de tous horizons, viendez découvrir un monde fraternel où des joueurs viennent depuis des destinations lointaines et plus ou moins ensoleillées (Bamako, Belfast, Viroflay...) pour disputer des parties démesurées, découvrir de nouveaux jeux grâce à l'aide d'un maître en la matière, et d'autres divertissements aussi intense que nombreux!" Doomsword, Grand-Croix de l'Ordre du Sarcasme
"Les quatre éléments du Nain : Terre, Pierre, Fer,... Bière." Moua-mêême
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Damned
post 21/02/06 , 2:29
Message #9


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1) Coiffeur de fortune.

Rapide contexte : Cette scène se déroule à bord du Hms Northumberland en 1815, menant Napoléon vers son dernier exil : St Helene.

Santini se hâta d'achever sa coupe et se présenta, les ciseaux à la main, dans la chambre de l'Empereur. Ce fut pas sans une terrible émotion que le brave montagnard porta la main sur cette tête impériale encore toute auréolée de ses gloires et couronnes, devant lesquelles naguère encore s'inclinait le monde. Ce fut donc en tremblant que Santini, qui ne s'était jamais occupé de coiffure, commença sa tâche. Lorsque les ciseaux se mirent "à grincer" dans les cheveux de Napoléon, il dit en riant à Gourgaud : "Regardez, général, si ce montagnard ne fait pas bien sa besogne, car je le ferais jeter à la mer !"
Puis, s'adressant à marchand qui recueillait "religieusement" les cheveux dans la serviette :
"Toi, veille sur ce coiffeur de nouvelle création, sache dire s'il va bien..."
Tout ému, Santini pince avec les ciseaux le bout de l'oreille Impériale.
"Ah! Brigante, brigante, mi voi tagliare una orecchia!" Et se tournant vers Gourgaud : "Ce brigand veut me couper une oreille. Qu'on le jette à la mer!"
- Site, faisait l'autre rassuré par les rires de l'Empereur, sire, je n'etais pas ici.
- Voyez ce brigand qui n'était pas ici quand il me coupait les cheveux : Ou étais-tu donc'
- Sire, ma pensée avait rétrogradé de onze ans; j'étais au camp d'Ambleteuse; je voyais Votre Majesté entourée de son armée, si grande, si belle, menaçant de ses canons et faisant trembler ces mêmes Anglais qui, contre le droit des gens, la retiennent aujourd'hui prisonnière. Alors, l'Angleterre était loin de prévoir ce qui se passe aujourd'hui, sire!"
A ces mots de Santini, un éclair partit de l'oeil d'aigle de l'Empereur, un soupir de sa poitrine. Sa figure s'imprégna de cette mélancolie sublime qu'elle dut avoir le lendemain d'Eylau, de cette douleur que le pinceau de Gros a immortalisée.
"Tu pensais à cela, mon montagnard'
- Oui, sire, et à la trahison de ceux qui vous ont conduit ici.
- Achève de me couper les cheveux..."

Annotations : Ce mince dialogue est significatif quand à la manière dont Napoléon traitait ses serviteurs, à sa bonne humeur persistante et même à son alacrité, mais aussi aux rappels d'un passé trop proche et aux accès de tristesse qui s'en suivaient. Alors, pour ne point alarmer ses amis, ni donner aux Anglais le plaisir de sa mélancolie, il s'isolait dans sa cabine, ouvrait un livre et plongeait, corps et âmes, dans la lecture.

Source : Napoléon Ier prisonnier à Saint Helène par Noel Santini.

2) Le vol de l'Aigle.

Contexte : Retour de Napoléon Ier au trône de France, évadé de son île-prison (l'île d'Elbe) pour reconquérir le pouvoir, en marchant vers Paris sans violence. Partout où il passait la foule l'acclamait. Les généraux et les soldats dépêchés par Louis XVIII pour le stopper se rallièrent à lui. En voici d'ailleurs l'une des démonstration les plus probante.

Tout à coup, Napoléon reparut. L'explosion fut subite, irrésistible. Je crus assister à la résurrection du Christ; de fait, après un rôle surnaturel, après des malheurs dans l'affliction desquels le Ciel semblait intervenir, le miracle de son retour achevait de faire de cet homme un être plus qu'humain. A sa vue, les transports (de joie) furent tels qu'on eut dit que les plafonds s'écroulaient; puis après cette explosion de tonnerre chacun se retrouva, palpitant d'extase et comme balbutiant d'ivresse. M'ayant reconnu au milieu de cette cohue et ayant accompagné mon nom d'un signe de tête et d'un gracieux sourire, l'Empereur put lire mon émotion sur ma figure. Et pourtant il y avait à peine trois heures que, soldat des Bourbons, j'avais encore mes canons braqués contre lui; mais maintenant il me semblait que j'étais redevenu Français...

Note : Qu'on ne s'y trompe pas, le rétablissement de l'Empire ne faisait pas pour autant l'unanimité. Si la joie du peuple et celle des militaires restaient sans mélange, l'hostilité de la bourgeoisie ne tarda pas à se manifester. (Sans oublier les traditionnels Jacobins et Libéraux.)
Source : Mémoires du Général Thiébault, 20 mars 1815.

Damned.


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Khelian
post 21/02/06 , 12:17
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Beau Gosse
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Je dois bien avouer que l'histoire "recente" c'est pas mon fort... Mais tes petites anecdotes m'ont appris plusieurs choses et c'est plutot interressant de voir l'histoire sous un autre angle que les faits historiques. Et c'est sans doute ce qui manque en cour ce genre de petites histoires.

Je me souviens qu'au college j'avais un prof qui donnait se genre d'anecdote pour nous illustrer un peu comment etait les gens a l'epoque. Allant meme jusqu'a mettre un casque nazi et parler avec un accent allemand, il insultait meme les etrangers de ma classe mais en rigolant bien sur (bien que certains n'appreciaient pas trop mais bon il etait un peu ouf).

Donc tout ca pour dire que bah ca ma interressé et que ca me donne presque envi de me remettre a l'histoire... presque.
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Damned
post 17/04/06 , 19:11
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Fée du logis
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1) "Laissez moi dormir".

Mr de Chambure, Capitaine d'Infanterie rempli de courage et d'intelligence, était le commandant d'une compagnie franche, choisie parmi les plus intrépides volontaires. Cette troupe allait souvent pendant la nuit surprendre les postes des assiégeants, en pénétrant dans leurs tranchées, dans leurs camps, pour détruire leurs ouvrages sous le feu même de leurs batteries qu'ils enclouaient par la suite, pour finir au loin dans la campagne afin d'enlever ou piller leurs convois. [...]
C'est alors qu'un soir Chambure, s'étant embarqué pendant la nuit avec ses hommes, attaqua un cantonnement Russe, mit le feu à un parc de munitions, détruisit plusieurs magasins, tua ou blessa plus de 150 hommes, se porta sur la batterie de brèche, s'en empara, encloua toutes les bouches à feu, et, joignant la raillerie au courage, déposa dans la gueule d'un mortier une lettre adressée au prince de Wurtemberg et ainsi conçue : « Prince, vos bombes m'empêchant de dormir, je suis venu enclouer vos mortiers ; ne me réveillez donc plus, ou je serai forcé de vous faire de nouvelles visites. »

2) Triste histoire.

Lalatte (ortographe incertain), officier dans l'armée impérial, fait parti des anciens d'Egypte, se distingue à Wagram en dégageant son colonel entouré d'une trentaine de dragons autrichiens, en blessant et tuant plusieurs, chevalier de la légion d'honneur... capturé en Russie. Il passera 12 ans en captivité et rentrera chez lui à Domfront dans l'Orne en 1824. Le premier parent qu'il visitera sera son parrain qui heureux de le revoir lui avoue avec tristesse que son père et ses frères sont toujours là, mais ont mal tourné. Désireux de se rendre compte par lui-même, il arrive chez eux sans se faire reconnaître et demande le gîte pour la nuit pour le vieux soldat qu'il est. Le lendemain, son parrain lui rend visite et apprend par son père et ses frères qu'ils ne l'ont pas vu. Craignant le pire, il alerte les gendarmes qui découvriront que le père et les frères ignorant tout de son identité l'ont assassiné dans son sommeil pour lui dérober son argent. Ils retrouveront le corps enterré en petit morceau enterré dans la cave.
Ils seront exécutés.


3) Le Juste chatiment :

La voix publique annonçait depuis quelques temps le retour en Europe de cet ancien et illustre général Français, qu'elle assurait avoir pris du service parmi les ennemis de son pays ; mais très peu de gens ajoutaient foi à ce bruit, qui fut cependant confirmé le soir de la bataille de Dresde d'une manière fort bizarre. Notre avant-garde poursuivait les ennemis en déroute, lorsque l'un de nos hussards apercevant à l'entrée d'un village de Notnitz un magnifique chien Danois qui, d'un air inquiet, paraissait chercher son maître, l'attire, s'en empare et lit sur son collier ces mots : « J'appartiens au général Moreau. » On apprend alors, par le curé du lieu, que le général Moreau vient de subir chez lui une double amputation ; un boulet français, tombé au milieu de l'état major de l'Empereur de Russie, avait d'abord brisé l'un des genoux du célèbre transfuge ; puis, ayant traversé le corps de son cheval, il avait été frapper l'autre jambe de Moreau. Cet événement ayant eut lieu au moment de la défaite des armées alliées, l'Empereur Alexandre, pour éviter que Moreau ne fut pris par les Français, l'avait fait porter à bras par des grenadiers, jusqu'au moment où la poursuite de nos troupes s'étant ralentie, on avait pu panser le blessé et lui couper les deux cuisses !... Le curé saxon, témoin de cette cruelle opération, rapportait que Moreau, à qui l'on n'avait pu cacher que sa vie était en danger, se maudissait lui-même et répétait sans cesse : « Comment, moi ! Moi, Moreau, mourir au milieu des ennemis de la France, frappé par un boulet Français !... » Personne dans l'armée française ne regretta Moreau, dés qu'on sut qu'il avait pris les armes contre sa patrie. Un parlementaire Russe étant venu réclamer le chien de la part du colonel Rapatel, aide de camp de Moreau, dont il avait suivi la fortune, on lui remit cet animal, mais sans le collier, qui fut envoyé au Roi de saxe. Ce collier figure à présent parmi les curiosités de la galerie de Dresde.


4) Des arcs et des flèches : (Je me permet de rajouter l'anecdote qui servait de réponse au Quizz.)

"Pendant notre séjour sur le plateau de Pilnitz, les ennemis, surtout les Russes, reçurent de nombreux renforts, dont le principal, conduit par le général Benningsen, ne comptait pas moins de 60 000 hommes et composait des corps de Doctoroff, de celui de Tolstoi et de la réserve du prince Labanoff. Cette réserve venait d'au delà de Moscou et comptait dans ses rangs une très grande quantité de Tartares et de Baskirs, armées seulement d'arcs et de flèches. Je n'ai jamais compris dans quel but le gouvernement Russe amenait d'aussi loin et à si grands frais de telles masses de cavaliers irréguliers qui, n'ayant ni sabres, ni lances, ni aucune espèce d'armes à feu, ne pouvaient résister à des troupes régulières et ne servaient qu'à épuiser le pays et à affamer les corps réguliers, les seuls capables de résister à des ennemis Européens. Nos soldats ne furent nullement étonnés à la vue de ces Asiatiques à demi sauvages qu'ils surnommaient les Amours à cause de leurs Arcs, et de leurs flèches !
Néanmoins, ces nouveaux venus, qui ne connaissaient pas encore les Français, avaient été si exaltés par leurs chefs presque aussi ignorants qu'eux, qu'ils s'attendaient à nous voir fuir à leur approche : Il leur tardait donc de nous joindre. Aussi, dés le jour même de leur arrivée devant nos troupes, ils se lancèrent en bandes innombrables sur elles; mais ayant été reçus partout à coups de fusil et de mousqueton, les Baskirs laissèrent un grand nombre de morts sur le terrain. Ces pertes, loin de calmer leur frénésie, semblèrent les animer encore d'avantage, car, marchant sans ordre, et tous les passages leur étant bons, ils voltigeaient sans cesse autour de nous comme des essaims d'abeilles et il devenait fort difficile de les joindre. Mais aussi, quand nos cavaliers y parvenaient, ils en faisaient d'affreux massacres, nos lances et nos sabres ayant une immense supériorité sur leurs flèches. Toutefois, comme les attaques de ces barbares étaient incessantes et que les Russes les faisaient soutenir par des détachements de Hussards afin de profiter du désordre que les Baskirs pourraient jeter sur quelques points de notre ligne, l'Empereur ordonna à ses généraux de redoubler de surveillance et de visiter souvent nos avant-postes.
[...] Comme on se disposait à retourner à Pilnitz, nous aperçûmes un millier de Baskirs qui accouraient vers nous de toute la vitesse de leurs petits chevaux Tartares. L'Empereur, qui n'avait pas encore vu des troupes de ce genre, s'arrêta sur un monticule, en demandant qu'on tâchât de faire quelques prisonniers. J'ordonnai à cet effet à deux escadrons de mon régiment de se cacher derrière un bouquet de bois, tandis que les surplus continuaient à marcher dans une autre direction. Cette ruse bien connue n'aurait pas trompé des Cosaques, mais elle réussit parfaitement avec les Baskirs, qui n'ont pas la moindre notion de la guerre. Ils passèrent donc auprès du bois, sans le faire visiter par quelques uns des leurs, et continuaient à suivre la colonne, lorsque tout à coup nos escadrons, les attaquants à l'improviste, en tuent un grand nombre et en prennent une trentaine. Je les fis conduire auprès de l'Empereur, qui, après les avoir examinés, manifesta l'étonnement qui lui faisait éprouver la vue de ces piteux cavaliers, qu'on envoyait, sans d'autres armes qu'un arc et des flèches, combattre des guerriers européens munis de sabres, de lances, de fusils et de pistolets en grand nombre!... Ces Tartares Baskirs avaient des figures chinoises et portaient des costumes fort bizarres. Dés que nous fumes rentrés au camp, mes chasseurs s'amusèrent à faire boire du vin aux Baskirs, qui, charmés de cette bonne réception, si nouvelle pour eux, se grisèrent tous et exprimèrent leur joie par des grimaces et des gambades si extraordinaires qu'un rire homérique, auquel Napoléon prit part, s'empara de tous les assistants !..."

Damned.


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shamanking
post 17/04/06 , 21:59
Message #12





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Fort sympathique, comme a l'accoutumee. Merci Damned, ces anecdotes sont toujours aussi bien. J'aime tout particulierement l'humour de Chambure, qui ne manque pas de piquant. Et bien que dire de plus si ce n'est merci, et bonne continuation.

shaman, qui attends impatiemment les prochaines.


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Temus Duc de Gasconnie
post 18/04/06 , 17:05
Message #13





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Yeah!

Mais c'est super tout çà! Il y a que du bon la dedans. Allez Damned: Encore! Encore! Encore!

PS: si seulement on aprenait l'histoire comme çà au bahut.


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Damned
post 01/05/06 , 21:37
Message #14


Fée du logis
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1) La Maison Napoléon à Saint-Riquier (Somme) :

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Vous avez devant les yeux l'exemple le plus parfait de l'hommage rendu à l'Empereur Napoléon 1er par l'un de ses soldats. Louis Joseph Petit (1792-1863), médaillé de Sainte-Hélène, combattit dans les rangs de la Grande Armée. Lors de la bataille de Ligny (16 juin 1815) remportée par l'Empereur sur les prussiens, il fut blessé. Mais c'est après la défaite de Waterloo, qu'il revint en France et s'installa à Saint-Riquier, petite commune de 1200 âmes, située au nord-ouest du département de la Somme, à quelques kilomètres d'Abbeville. C'est là qu'il obtint la charge de Receveur des Contributions Indirectes et qu'il épousa en 1836, Rose Aline Lefebvre (1809-1890). En 1837, il fit bâtir sa maison et donna au toit la forme imitant la célèbre bicorne de l'Empereur, surmonté d'une petite statue de Napoléon dont l'histoire locale n'a pas retenu le nom de l'artiste qui l'avait exécutée. Abîmée par les ans, cette statue fut remplacée à l'identique par une autre que nous devons au sculpteur amiénois Léon Lamotte. Elle fut inaugurée le 1er mai 1962 en présence de S.A le Prince Murat, représentant S.A.I le Prince Napoléon ainsi que des membres du Souvenir Napoléonien de Picardie.
- Cette demeure insolite est inscrite au registre des monuments historiques. -
(Remerciements à AmélieClub pour cette anecdote)

Et puis histoire, de démontrer à nos jeunes pensionnaires à quel point la Révolution reste des plus idéalisée, je vous transmets deux petites anecdotes à l'humour douteux :

2) De la Guillotine... Pour tous.

- Un ennemi de la Révolution ayant amené son chien à compisser un Arbre de la Liberté, se vit condamner à la guillotine ? en compagnie dudit chien qui "partageait les opinions contre révolutionnaires de son maître".
- La dernière mère supérieure de l'Abbaye de Montmartre, Louise de Montmorency-Laval, âgée de 71 ans, sourde et aveugle fut accusée d'avoir "comploté sourdement et aveuglement contre la République" et guillotinée.

Source : "Guillotine et l'imaginaire de la Terreur" de Daniel Arasse.

Damned.


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Ankor
post 24/10/06 , 22:58
Message #15





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Très sympa je viens de terminer ! Merci pour tout cela !

Très...enrichissant ! smile.gif
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