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> Déchéance, Caïn et Abel
evilsunz
post 17/02/08 , 17:42
Message #76





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Bein voilà, ce coup ci c'est la bonne. Cette dernière partie de "déchéance" est assez longue, mais si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous n'êtes plus à ça près...
Bonne lecture !



Mais, dans la pénombre de la nuit,
Caïn vint trouver Abel,
Et là, par la parole, Abel fut vaincu
Et Caïn tua Abel.



Le traître.

Il était assis , les mains reposant sur ses jambières. Son armure n'avait plus le lustre d'or du chapitre, mais était recouverte d'une fine péliculle de cendre. D'élégantes ciselures d'argent fin couraient le long de ses articulations et la lueur des lucioles s'y accrochaient par intermitence. Il portait à son côté sa rapière énergétique, inerte. Une statue d'adamantium, un roc perché en haut d'un autre roc. Son immobilité avait quelque chose d'angoissant.


Et tout en haut, éclairé par la lumière blafarde de son gorgerin, il y avait le visage.
Il n'avait pas changé : ce nez droit que l'on murmurait un héritage de leur primarque, ces traits allongé par le gigantisme de l'Astartes. La damnation du marine était aussi visible, mais de façon plus subtile : il y avait ces joues légèrement creusées, les rides prématurées autour des yeux dont perlaient en permanence quelques lentes larmes rouges...Et puis, il y avait les marques de l'indiscipline. Les cheveux et la barbe poussaient rapidement, noyant les implants corticaux sous leur croissance enthousiaste, rouvrant au passsage d'anciennes plaies.


«_ Marziel. Tu en as mis du temps. »
La voix de Thumiel ne recèlait aucune animosité, même si Marziel pouvait discerner la passion dévastatrice qui rôdait en permanence derrière ces paroles. Sur la passerelle de son vaisseau, Marziel avait déjà put mesurer à quel point Thumiel était déséquilibré, et comment la moindre parole pouvait tout faire basculer. Il répondit calmement , en mesurant la distance qui le séparait de son ancien frère.

« _Je crois avoir dormi. Là bas , à flanc de colline .»

« _Moi je n'ai pas dormi. Pendant que tu dormais, j'ai eu fort à faire... » Il eu un rire triste, qui sonnait faux. « C'est toute l'histoire de nos vies, en fait.... »

Marziel ne tenait pas à le suivre sur ce terrain. Il préféra poser la question qui l'obsèdait toujours plus de minute en minute.

« _Ou sommes nous? Est ce que tu.....est-ce que nous..... »
« _.......Sommes morts ? A ton avis Marziel ?

« _Je ne sais pas. Tout à l'air si réel...j'ai l'impression de respirer, de sentir, de bouger comme si je vivais encore... »

« _Tu as tout fait pour que nous mourrions pourtant. D'ailleur tu m'as surpris, je dois l'avouer. Je n'aurais jamais cru que tu en sois réduit à un tel degré de désespoir. »

« Et pourtant nous nous retrouvons ici... »
« Ce qui ne laisse que deux solutions : soit nous sommes vivants, et ton petit abordage a causé une distortion warpienne suffisament puissante pour nous téléporter ici , soit nous sommes morts, et tout cela n'est qu'un fantasme de nos esprits qui délirent dans le warp... »


« Ce n'est pas si différent, en fin de compte. »

Thumiel eut un vague sourire.
« En effet, je suis heureux que tu t'en rendes compte. Mais personellement, je pencherais plus pour la première hypothèse. Lorsque la passerelle du croiseur s'est rompue et que je me suis fait aspirer dans le warp, je me suis raccroché au souvenir de notre planète.....ou je me suis retrouvé l'instant d'après. Avoue que c'est une étrange coïnscidence, quand même. »


« _Ce doit être ca. Je pensais aussi à elle. »

Marziel regarda autour de lui. Les souvenirs de sa première vie l'assaillaient de toute par avec cette violence poignante de la nostalgie. Son armure lui semblait lourde et déplacée dans cet environnement d'un beautée primitive. L'horreur du trépas de son peuple, la folie latente de son interlocuteur , l'incertitude la plus totale de la nature de l'univers dans lequel il évoluait, tout cela se combina pour que Marziel se sente flirter avec les frontières même de la démence.

La voix de Thumiel s'éleva de nouveau de son rocher.
« Rappelle moi, Marziel, pourquoi sommes nous ici ? »

« Pour effacer l'erreur qui a été commise. Pour supprimer ton existence des annales mêmes de l'histoire. »

« Comme c'est dommage...Tu sais , si nous avons vraiment été téléportés sur Marsile, nous n'avons gagné qu'un répit de quelques heures. En ce moment même, le virus de Babel consume toute la planète. Nous allons survivre dans un premier temps grâce à nos armures et à nos facultés de résistance, mais nous ne survivrons pas. Alors plutôt que de nous entretuer bêtement, j'ai pensé que nous pourrions faire une sorte de pélerinnage. Je pensais que puisque nous allons mourir, si ce n'est pas déjà fait, nous pourrions nous recueillir sur la tombe de nos deux vieux amis... »

« Qui ça ? » demanda Marziel en jetant un regard circonspect sur les frondaisons obscures autour du trou d'eau.

« Caïn et Abel...Tu ne te souviens pas Marziel ? Nous avons été heureux ici. Plus heureux que ce qu'il nous est possible d'imaginer aujourd'hui. Nous étions joyeux, insolents, fiers et sûrs de nous. Et il y avait les rires... »

Le pâle écho d'un rire naïf résonna sur les berges du trou d'eau.

Thumiel releva la tête, et planta son regard dans celui de Marziel avec plus de cruauté que s'il maniait une épée.

« Depuis quand n'as tu pas ri, mon frère ? »

Marziel détourna le regard.

Thumiel soupira. « Peut être devrais je trouver matière à rire, justement, en voyant ce gâchis. Tu étais quelqu'un de bien, Marziel, avant. N'étions nous pas amis de notre plein gré, avant d'être frères par la force ? »

« _Tais toi. » souffla Marziel, la main crispé sur la garde du Justicia Gladius.

« Je suis sûr que tu t'en souviens. Je suis sûr qu'ils n'ont pas réussi à tout t'enlever. Je suis sûr que tu as gardé des souvenirs de cet endroit, de ce que c'était de vivre ici, sans penser à l'avenir, à la haine, et à ne croire en rien. »poursuivit Thumiel, impitoyable.

« _Tais toi. »

« Souviens toi de ce goût Marziel. Ce goût frais et salé dans la bouche quand nous nous levions le matin. Cette sensation douce et lumineuse, ce souffle de vent sur nos bras nus? Ce goût de liberté, tu y as renoncé, Marziel. Jour après jour, année après année, tu as avalé la soupe amère des chapelains, tu as oublié ce que c'était de choisir ce que Tu voulais faire de tes journées. Pourquoi? Pourquoi ce sacrifice, mon frère, pourquoi as tu accepté ces chaînes !?! »

La colère de Marziel s'embrasa enfin :
« Pour une cause bien plus vaste et noble que la liberté de notre peuple ! Pour assurer la survie de l'humanité, touit simplement ! Pour que partout dans la galaxie, il y aît un jour de plus, un jour ou des hommes naissent, vivent et meurent en paix ! Pour le simple fait de continuer, envers et contre tout, à exister ! »

« Tu as vu comme moi bien des mondes de l'Imperium, Marziel. Tu as vu la corruption, la médiocrité, la misère, l'incompétence, la famine ou l'inconscience ! As tu vu quelque chose qui justifie notre sacrifice ? »

J'ai vu la misère et le vice, c'est vrai, mais j'y aît vu aussi la foi, l'espoir et la fierté. Et quand bien même l'humanité serait elle méprisable, je la préfère au néant ! »

« Il y a d'autres voies, Marziel. D'autres idéaux, d'autres philosophies, d'autres fiertées. Il y a la beautée, l'accomplissement dasn l'art et le génie. C'est là que les hommes doivent s'accomplir, et pas dans la servitude aveugle et résignée, dans des vies médiocres et sans grandeur ! Ces voies existent depuis toujours, et ils nous les ont cachées ! Ils nous ont menti, ils ont retiré à nos vies toute saveur, et ils nous ont enchaînés, pour satisfaire leur égo et leur ignorance !»

« Et quel est ton art, Thumiel ? »

« Mon art est le mal. » répondit Thumiel en caressant doucement la tête dessèchée accrochée à son épaulière gauche.

« Tu es égoïste Thumiel. Tu l'as toujours été. C'est ta faille, et je ne l'avais pas remarqué. »fit Marziel en lui tournant le dos avec dégoût. « Même à Caneb, quand tu as pris ce théâtre, tu ne pensais qu'à toi, à ta gloire. Tu n'aurais jamais dû être un Space Marine »

« Jamais, en effet...  Qui sait », ajouta t'il en contemplant rêveusement les silhouettes indistinctes des maisons de Tolèdon qui disparaissaient dans l'obscurité, « peut être serais-je devenu quelqu'un de bien ?. »


« Et eux? » demanda Marziel avec hargne, en désignant le tapis de cadavres au fond de l'eau. Pourquoi les as tu tués? Ils allaient mourir de toute façon. Pourquoi ce crime inutile de plus? Pour le simple plaisir de tuer? »

« Par amour, bien sûr. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour pour eux. J'aimerais tellement que tu comprennes, Marziel. Que tu ouvres ton esprit. Je ne voulais pas qu'ils souffrent, ou qu'ils meurent sans comprendre. Alors, pendant que tu dormais, je suis revenu au village, et....je les ai libérés. Maintenant, ils sont enfin des hommes. Ils ne sont plus le bétail de l'Empereur, ni des souris de laboratoire pour les Emperor's Sword. Ils sont enfin libres. »


Les lucioles tournaient toujours dans le silence. L'un et l'autre ne parlaient plus, évitant de se regarder en façe. Ils sentaient tous deux qu'ils avaient atteint les limites de leur conversation. Ils avaient chacun jeté un pont sur l'abîme entre leurs philosophies, mais il restait un écart, un gouffre insondable que rien de ce qu'ils pourraient dire ne saurait combler. Enfin, difficilement, Marziel croassa:

« Tu sais que je ne verrai jamais les choses comme toi. »

« Oui... » et Marziel fut surpris de voir d'authentiques larmes couler sur les joues du traître, alors que les dernières bribes de son humanité se frayaient un chemin sur son visage. « Oui, et de tout ce que nous avons vécu, c'est là la seule véritable tragédie. »

Le glaive de justice partit d'un éclair blanc.

La lame de Thumiel lui répondit d'un feu sombre.

Dans la lueur de leurs lames respectives, les deux frères s'embrassèrent du regard.

Puis la passion et la haine s'emparèrent de leurs âmes, et Thumiel bondit de son rocher alors que Marziel venait à son rencontre, projetant en tous sens des trombes d'eau malmenées.

C'est là qu'ils s'affrontèrent, au milieu du ballet des lucioles, sous la lueur trouble des étoiles qui s'étiolaient déjà dans la lente agonie de l'atmosphère de leur monde. Bientôt, il tounèrent au milieu d'un lourd panache de vapeurs d'eau soulevé par les moulinets de leurs lames. Tous les deux, enlacés dans une danse complexe de passes d'armes étourdissantes, ils confrontèrent enfin le savoir faire martial qui leur avait été conjointement inculqué avant d'être enrichi de leurs expériences solitaires.

L'art de Marziel était celui du guerrier accompli et besogneux, sobre et efficace, rodé par des siècles d'usage et la certitude du bon droit. Mais il y fusait aussi l'étincelle de génie que seul le plus complet désespoir et l'abnégation pouvait lui confèrer. Là, assènant de tous cotés de flamboyants revers, bondissant, roulant de coté, entrant dans la garde de son adversaire avec une folle témérité, Marziel reçu ce qui lui avait toujours manqué : l'inspiration.

L'art de Thumiel était d'une toute autre nature, et le mot « inspiration » paraîssait bien fade pour le décrire. Habité. Déchaîné, aurait dit Thumiel lui même en écho à sa soif de liberté.Il s'affranchissait enfin des dernières conventions résiduelles qui salissaient sa muse guerrière de leur inertie, et, dans un état second, se laissait porter par la moindre de ses sensations. Ces gestes, incohérents et déments, fusaient sans la moindre coordination rationelle, non dans le but de tuer ou de vaincre, mais bien dans le seul but qui avait, au yeux de Thumiel, encore de l'importance : La beautée.


Et beau, son art l'était. Traînant son panache embrasé derrière elle, sa lame traçait une toile de fond morbide autour de Marziel, faisant étinceler les armures et les yeux, vrillait la pensée et la céramique, embrasait les flots de son reflet sifflant. Et dans l'esprit délirant de Thumiel se composait une oeuvre à couper le souffle, son monde n'étant plus que traînées ardentes, panaches d'étincelles, bouquets de sang, et armures rutilantes, le tout s'assemblant pour former le spectacle le plus grandiose qui soit.


Saoul de joie et d'horreur, il s'imprègnait de tout : de l'agonie silencieuse des arbres privés d'oxygène, des craquements indistincts des corps qu'ils broyaient sous leurs pieds, de l'air saturé d'humidité qui embaumait son visage, et tout cela lui confèrait une force et une inspiration prodigieuse, insufflant à son esprit une créativité sans limites.


Cette passion dévorante aurait pû sonner plus d'une fois le glas de Marziel, dont l'art, bien plus académique, se limitait à des normes et à des codes dont se jouait son adversaire. Mais le Justicia Gladius, long de près d'un mètre quatre vingt et pourtant aussi léger qu'une baïonette délivrait toute sa fureur, alimentant les efforts de son porteur, repoussant brutalement la lame de moindre lignage de Thumiel, et traçant un rideau infranchissable de parades devant Marziel.



Et tout autour tournaient les lucioles.



Aucun des deux marines, pris dans leur folie meurtrière, ne le remarqua, mais elles disparaissaient à vue d'oeil. Dans l'atmosphère qui se raréfiait, tandis que le virus de Babel les rongeait en quelques instants, elles avaient à peine le temps de naître pour se reproduire. Et, répondant à quelque antique instinct de survie, dans une pathétique tentative de perpètuer leur espèce quelques instants de plus, elles se reproduisaient à un rythme effrèné, chacune ne brillant qu'un court instant, le temps de donner la vie.

Mais déjà leur nuage se dissipait, et par la simple application des loi mathématiques et de décomposition des tissus, elles ne seraient plus assez nombreuses. Elles allaient être réduites au néant. C'était un jeu cruel, dans lequel les lucioles, incapables de s'adapter à leur environnement, luttaient aveuglément pour retarder l'inéluctable.


Et cela était beau.


Thumiel se serait certainement émerveillé de cette oeuvre qui découlait naturellement de sa décision de détruire leur monde. Mais impliqué comme il l'était dans son duel, il ne percevait rien d'autre que la toile qu'il composait en commun avec son ancien frère.

Mais alors qu'ensemble, lame contre lame, ils dépassaient les frontières de l'humanité, jetant dans le brasier de leur haîne jusqu'à la mondre de leurs forces et de leur raison, leurs corps ressentaient eux aussi la décomposition qui affectait les lucioles. Déja, le virus s'infiltrait par les plus infimes interstices de leurs armures, infectait leurs respirateurs et se répandait dans leurs veines.

Dès lors, ils s'essouflèrent, leurs gestes se firent maladroits, et des failles se manifestèrent dans la maestria de leur affrontement, des failles que l'autre était incapable d'exploiter. Ce que Thumiel avait toujours redouté par dessus tout se produisait : le moment ou son corps ne parvenait plus à traduire ce que son esprit lui soufflait. Usé, vieilli, l'artiste sentait son talent se fâner et s'échapper par le moindre pore de sa peau.

Alors il prit la même décision qu'avaient pris les milliards d'artistes avant lui, et qui se sentant perdre tout ce qui faisaient d'eux des êtres à part, voulurent en finir.


Devant lui, Marziel, épuisé, suant, se reposait sur la garde du Justicia Gladius. La tête baissée, il respirait bruyament, incapable de parler. Un sang épais et sombre coulait paresseusement de son cou et des coins de sa bouche, s'écoulant en minces rigoles dans les creux de son armure, ensanglantant la sculpture de l'aquila gravée sur son plastron.

Thumiel retroussa les lèvres dans un dernier rictus de haine. Cet aquila le narguait, une fois de plus, absorbant le sang de son frère comme un hideux vampire, comme il avait absorbé le sang d'innombrables générations de son peuple avant lui. Mais c'était fini, à présent. Il avait été l'ange rebelle, et son peuple était désormais hors d'atteinte. Il n'en restait plus qu'un, un seul, à libérer.


Derrière eux, la dernière luciole se volatilisa, et le trou d'eau tomba dans l'obscurité.

« Par amour, mon frère. »parvint à articuler Thumiel en brandissant sa lame.

Marziel l'entendit il seulement ? Etait il déjà parti, vaincu par le virus ? Ou bien finalement avait il compris ce que Thumiel voulait, avait il accepté, s'était il finalement rendu à ses arguments ?

Toujours est il qu'il ne bougea pas quand Thumiel lui porta l'estocade finale. L'épée flamboyante l'empala sans rencontrer d'opposition, exactement au milieu de son plastron, épinglant l'aquila comme un vulgaire insecte. La plaque pectorale se rompit dans un craquement sec, alors que l'épée de Thumiel s'y fichait jusqu'à la garde. La tête de Marziel partit violament en arrière , et un fin geyser de sang jaillit de sa bouche, ultime offrande à l'art de son frère. Disloqué, le pactage dorsal du Justicia gladius chuta lourdement de son dos. L'instant d'après le glaive de justice lui même glissa de ses doigts inertes, et disparut dans les flots.

Alors lentement, Thumiel retira sa lame des côtes de son frère, et le laissa glisser à terre. Marziel, de son vrai nom Abel , alla rejoindre le peuple de Tolèdon au fond du bassin.


Alors l'Empereur parla :
« Caïn, ou est passé ton frère ? »
Et Caïn, pris de honte, répondit :
« Je n'en sais rien ! Suis je le gardien de mon frère ? »



Seul resta Thumiel.

Il tomba à genoux.

Son corps, il le sentait, n'était plus qu'une vaste plaie purulente.

Il était seul.

Il n'y avait plus de lucioles. Les arbres s'effondraient sans un bruit, car il n'y avait déjà plus assez d'air pour convoyer des sons.

Seul.

Il tenta de ramasser un des cailloux au bord du bassin, un de ces cailloux avec lesquels il avait appris à faire des ricochets, ici, il y avait si longtemps.....

Il n'en avait plus la force.


Alors l'Empereur fut pris d'un grand courroux :
« Qu'as tu fait ? J'entends hurler le sang de ton frère, qui couvre tes paroles !
Pourquoi crois tu que j'aie donné à l'humanité deux frères ?
Jusqu'ou va la stupidité de l'artiste,
Qui a cru pouvoir vivre sans le guerrier ?
Tu n'as pas compris que c'est toi que tu tuais,
En tuant ton propre frère ?




Son armure, vaincue , s'effritait en fine poudre.

Le ciel se teintait d'un noir absolu, angoissant, et les étoiles brillaient comme jamais, leur lumière n'étant plus filtrée par l'atmosphère.

La beautée du mal....

Tout était gris, morne sans vie. L'herbe jaune avait disparu des collines, et le vent d'ouest s'en était allé.

Seul.


Thumiel se sentit glisser dans l'eau qui disparaissait, et il ne voyait déjà plus rien.

Tout au fond de l'eau, le doux ecrin de cadavres l'attendait, il voyait les rictus de joie, les regards emprunts de fierté et de gratitude, les chants de bienvenue.

Il sentait l'odeur des lezards frits et de l'encens des veillées.

Alors qu'il s'abandonnait enfin à la mort, sans regrets, il sut enfin qui il était.

Il s'appelait Caïn. Caïn Paléone, frère d'Abel. Il n'était ni Impérial ni chaotique..

Il était un artiste.



Et l'Empereur fit une tombe unique,
Ou reposaient ensemble les deux frères,
Caïn et Abel, l'artiste et le guerrier,
Et l'Empereur posa une marque sur cette tombe,
Pour que tous sachent et s'en détournent.


Histoire de la majestée de l'espèce humaine, I.XII


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urhtred_gohslord
post 23/02/08 , 20:21
Message #77



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Euh.... Bon bah c'est génial, comme d'habitude, donc du coup j'ai juste assez à dire pour éviter le monoligne rolleyes.gif


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tiens, notre cher duc avait raison, c'est marrant urhurh
C'est bien vrai^^
Le blog de mon club, par ici
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Nainconnu
post 01/03/08 , 23:35
Message #78





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Bonsoir,

Jusqu'à maintenant je ne me suis pas manifesté concernant cette Fic. Personnellement, je trouve ton intrigue absolument géniale : l'écriture est claire, précise; le texte est bien rodé (ne parlons pas des dialogues et des descriptions... wink.gif )
Le fin est quant à elle époustouflante !

Merci mille fois pour ce pur moment de littérature fantastique et j'attends avec impatience ton prochain récit.

Je pense que comme Thumiel, tu est un artiste...


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(_'.'_)
(")_(")
Voici Lapin. Copiez et collez Lapin dans votre signature pour l'aider a dominer le monde.
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Bartimeus Belter
post 10/03/08 , 21:08
Message #79





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Première intervention sur la fic...

Franchement, je suis soufflé : ton style d'écriture, la manière dont tu allies la mythologie et le récit, l'intrigue, le dénouement... tout est parfait.

Juste un grand merci pour les textes dont tu nous as fait part...

Bravo. smile.gif
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