Boule de poils
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Acte 6 :
La venue de l’Empereur et la rencontre.
A l’heure dite les boucliers sont tombés, les surgénérateurs se sont éteins, les régulateurs de la barge ont entamé sa stabilisation à 271 kilomètres au dessus du Palais Intérieur, la salle de téléportation luisait des colonnes de lumières de ses cellules individuelles, les hommes de mon escorte attendaient ma venue en ressassant les mille principes à la gloire des engeances protectrices du Chaos, Abaddon avait prit place dans l’une d’elles, tout à côté de la mienne, anxieux et nerveux à l’orée des combats qu’il s’imaginait mener.
Mais je n’étais pas là , je ne me plaçai pas entre eux pour partager un assaut, un dernier voyage, je ne les encourageai pas d’un regard ou d’une parole, je ne maudissais pas leurs ennemis, je ne songeai pas au sang bientôt versé, je ne regardai pas les abîmes et ne m’y mirai pas non plus, je ne m’enorgueillissais pas de la prochaine victoire, je ne me plongeai pas dans les méandres de l’esprit qui donnent au cœur et le courage et la détermination, je ne riais pas de rendre aux dieux du dehors des âmes et des sacrifices.
J’étais étranger à tout cela, mais plus que nul autre je l’avais provoqué.
Et Tu l’as compris, Tu as répondu à mon appel, Tu es revenu à moi pour me montrer la Voie, la seule Voie, l’unique Voie, celle là même qu’une première fois Tu as tenté de me faire percevoir et que je n’ai accepté d’embrasser.
Et j’entendais leurs cris se propager au travers des temps et des lieux, de ces cris pénétrés de tous les sacrilèges et de tous les blasphèmes, de tous les crimes et de toutes les damnations, des milliards de milliards de gorges hurlaient leur perdition : les âmes perdues des serviteurs du Chaos.
Le mensonge et la haine gouvernaient ma vie, des remords futiles n’avaient eus de cesse de me voiler l’esprit, alors que l’honneur était ma force, l’amour nous liait, l’abandon me guidait.
Que ces choses furent, je n’en ai de doutes, et que ces choses causèrent ma chute me pénètre de cette vérité : ne suis-je pas le Félon ? Ne suis-je pas celui par qui le drame devait débuter et se terminer ? Ne suis-je pas cet enfant trop orgueilleux, à la victoire facile, à la vie fastueuse et aux dons grandioses ? Et n’es Tu pas ce Père impétueux qui demande à ses fils le plus grand des sacrifices ? N’es Tu pas l’Empereur Dieu qui n’a vu en l’Homme qu’un objet de pouvoir, un pion sur l’échiquier des puissants ?
A cela aussi il est temps de répondre !
Je T’apporte en ce monde l’humilité éternelle, je Te rends la place qui T’es due, je Te livre tout ce que l’amour d’un fils peut donner, et pour cela, pour T’accorder le rôle que l’humanité toute entière veux que Tu prennes, regarde moi : comme je baisse la garde, comme je trahis de nouveau, comme je m’offre à Toi !
Oui c’est cela, couvre Toi de Ton armure d’or et d’acier, prends l’arme qu’ils Te tendent, ouvres Ton esprit au désespoir et à la gloire : que ce nom dont Tu t’es défait soit rétablit et de nouveau oublié, Toi, mon ami, mon frère, mon père, car tel est notre devoir et notre perte.
Nous marchons l’un vers l’autre, indifférents des ténèbres qui envahissent les mondes et les hommes, nous allons lutter pour savoir qui de nous deux est le plus apte à prendre l’humanité par la main et l’emmener pour les millénaires à venir vers son sombre destin.
Car je n’ai de doutes, car il n’est nul arcane maudite qu’en ces temps obscurs je n’ai exploré, car j’ai jeté dans la guerre l’ensemble de l’humanité, car j’ai regardé dépérir nombre de mes amis, car j’ai su un moment oublié le prix de mon sacrifice je tend vers l’avenir la main et le cœur, je Te tend la main…
Un orage de sang et de flammes, de haine et d’orgueil emplit tout autour de moi les espaces clos de mon blasphème, je suis l’aveugle qui eut un jour l’œil vif : je ne suis que ténèbres mais crois y discerner Ton visage !
Et je suis hors du temps, sans aucune haine balayant l’univers des hommes tel le dieu que j’ai cru, un jour, pouvoir devenir.
Mon ami, mon frère, mon père Te voilà , dans cette armure trois fois sainte, si semblable à celle qui fut la mienne, toute recouverte d’or et de sculptures, que je voudrai prendre entre mes bras, trop heureux d’enfin Te revoir !
Mais je suis Ton regard pétrifié jusque devant moi, y découvre le corps de mon frère, couché dans ce sommeil splendide qui lui apporte un peu plus de douceur, somptueux gisant aux ailes déchiquetées, au corps meurtri en tant d’endroit que je ne sais d’où s’écoule tant de sang…
Rassures Toi, le voilà serein, pour l’éternité… je lui ai donné sa place dans le panthéon des hommes, et à jamais il trônera à Ta droite…
Il a tenté de me convaincre, et je l’ai tué…
Il a tenté de m’arrêter, mais je n’ai su que le frapper, encore et encore…
Il a tenté de me montrer la beauté des choses, et je n’ai su qu’en flétrir le plus admirable symbole !
Je reviens à Toi et ne découvre plus que détermination et souffrance, ces sentiments que nous partageons enfin, dessiner sur Ton visage le tableau glaçant de la déception, la déception de voir Tes fils, Tes enfants sombrer dans la démence.
Oui, Empereur Dieu, à ce carnage qui s’étale entre nous, ces dizaines de braves combattants que j’ai balayé d’un revers de la main, étripé sans même rien en ressentir, vais-je ajouter Ton cadavre ou laisserai je joindre le mien ?
Comme cela nous ronge d’enfin nous affronter : entends Tu le rire des Dieux, des Vrais Dieux ?
Avances, viens à moi, offres Toi à moi comme je m’offre à Toi !
De ce que je ressens à chacun de Tes coups, de chacun de ceux que je Te rends, je ne trouve que perdition.
De ces brutales extinctions qui chavirent nos corps et nos âmes je retire une amertume froide, un besoin de m’inonder de tout ce sang, à la fois le Tien et le mien, à la fois les afflictions des hommes et celles de leur anéantissement.
De briser ce corps tant adoré, d’en déchirer la chair, d’en retirer à chaque fois un peu plus de vie, de Te prendre un peu de Ton immortalité, je laisse m’en envahir les relents de crime.
Mais qui suis-je pour ainsi, comme Toi, décider de ce qui vivra et de ce qui mourra ?
Les combats paraissent ébranler la barge, je sais mes hommes défaire les Tiens, je sais Abaddon, là bas, nous regarder, lui, mon fils, et comme Toi je sens le désespoir du père me prendre à la gorge.
Un homme courageux tente de s’interposer entre Toi et moi, mais en un geste j’en lacère la substance, laissant cette âme noble se faire dévorer par les démons…
Un autre de Tes suivants, l’un de ces héros que Ton Imperium n’aura de cesse de célébrer, se jette sur moi, et il meurt, comme tant d’autres, foudroyé…
Et je Te regarde, faible et mourrant, Ton armure ouverte sur les flots incessants de ce qui Te quitte, oui, c’est cela, de cette vie qui Te quitte enfin…
Mais lorsque je croise Ton regard, je ne trouve plus rage ni colère, seules ces larmes me font cesser la lutte…
Car je m’y contemple, tenant Ta vie entre les mains : un dernier coup, un dernier geste et j’en serai libéré…
Mais je me laisse tomber à genoux, baissant enfin les bras, m’abandonnant à la fatigue, délaissant les gloires dont on me susurre la portée, et je Te regarde, une nouvelle fois Te lever et brandir Ta lame, épuisé, presque mort… et je n’ai plus de souffle pour t’encourager, me débarrasser de tous les mensonges, de tous les choix… de tous les souvenirs…de tous les déshonneurs…
Enfin, par Ton bras, libéré…
Libéré…
Des trahisons… des peurs…
Libre…
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"In the Beginning there was Light, but then followed Darkness.. "
"Do you know what ?nemesis? means ?? ?A righteous inflictions of retribution manifested by an appropriate agent?. Personified, in this case, by an horrible cunt : me."
"Je crois que vous m'avez mal sous-estimé" George W. Bush
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