Belannaer arriva aux devants de la ville. Il passa devant l'écriteau « Bienvenue à CFWville » sans le lire, puis franchi la Grande Porte qui donnait sur la rue principale. La nuit approchait et la longue journée de marche qu’il avait endurée avait fatigué son royal séant.
Il entra alors dans la première auberge qu’il croisa et s’assit à une table, à laquelle on lui apporta une boisson. Le patron des lieux lui demanda si il désirait passer la nuit et la réponse fut un faible « oui » entre deux toussotements. Que ça faisait du bien de s'asseoir !
L’auberge ressemblait en fait plus à une sorte de bistrot avec des chambres à l’étage et un barman au comptoir qu’à une véritable auberge…
Belannaer passa la soirée assis à une table à observer les gens autour de lui. C'était sa passion.
A sa gauche discutaient deux clochards ivres ayant dépensé leurs rapines de la journée en alcool ; dans le fond de la pièce se bécotaient deux amants dont il pu déceler que le damoiseau avait franchement été infidèle ; et, à sa droite, se disputait une partie de carte entre quatre joueurs pour le moins singuliers. L’un d’eux semblait bien cinglé : il avait petit rire sadique et aigu, ainsi qu’une teinte rouge faisant penser à du sang ou du jus de groseille sur sa tunique et un petit chapeau vert. Un des autres joueurs était nain, et les deux derniers de véritables colosses qui parlaient peu. Belannaer observait tout ce beau monde lorsqu’un bonhomme entra dans la pièce. Il sortit de sous sa veste un sac rempli de piècettes et le posa violement sur une table. Toutes les personnes présentes se tournèrent vers lui. Le petit homme sauta sur la table puis cria d’une voix fluette : « Je m'appelle Etienne ! Mon or à la dernière personne debout ! »
Aussitôt un des colosses empoigna le nain, les clochards se roulèrent à terre en s'accrochant, incapables de tenir droit ; tandis que le fou et l'autre colosse se dirigèrent vers l'Elfe. Une bagarre commença et le barman se cacha dare-dare sous le comptoir, tandis que le patron fila hors de son auberge. Belannaer voulut s’enfuir vers les chambres mais l’homme fou bondit devant lui avec son petit air pervers lui bloquant le passage. Il chantonnait un drôle d’air tout en faisant des mouvements bizarres avec ses bras... Belannaer saisit sa fourchette et la planta d'un coup dans le ventre du chapelier toqué qui tomba par terre, en criant et se lamentant sans trouver la volonté de se relever.
C’est alors que Belannaer entendit un ricanement grave son dos : « L’or est à moi ! » et le grand Doomsword lui fracassa sa bouteille sur la tête…