Rue du prolétaire rouge

Voici un livre qu'il m'aura été donné de lire il y a de cela plusieurs mois, mais une discussion avec l'ami Alucard m'aura fait rappellé ce livre (dont un extrait marquant figure sur un site) que j'ai tant apprécié et dont je vous recommande la lecture si toute fois vous parveniez à le trouvez encore chez vos libraires.
Ce livre regroupe l'histoire du monde communiste, ses visions, ses formes, sa nature et encadré de poésie, de faits autobiographiques et surtout d'une approche historique.

Nina et Jean Kehayan, Le Seuil, 1978.

Cet extrait métaphorique regroupe les différentes formes politique Communiste que l'Urss à connut, selon les différents dirigents. (L'idée du train en tant qu'idéal communiste est remarquable.)

Pour les moins cultivés, les personnages en sont les anciens dirigeants :

- Vladimir Illich Lénine.
- Jossip Vissarionovitch Staline.
- Nikita Sergueievitch Kroutchev.
- Leonide Illich Brejnev.

« L'EDIFICATION DU SOCIALISME : UNE TÂCHE ARDUE. »

Un train roule et traverse l'URSS. Brusquement, il s'arrête. Le mécanicien affolé accourt dans un wagon : « camarade Vladimir Illich, les blancs ont coupé la voie ferrée, le train ne peut plus avancer, qu'allons-nous faire ? »

Lénine garde son sang froid, retrousse ses manches : « Allons, camarades, tous au travail, armons nous de pelles et de pioches et reconstruisons ensembles la voie ferrée. » Chacun se met au travail en chantant, et peu après, le train repart.

Il roule des jours et des nuits, puis s'arrête à nouveau, loin de toute gare. Le mécanicien, blême, accourt : « Camarade Jossip Vissarionovitch, la voie est coupée, les contre-révolutionnaires sont passés par là, que faire ? »

Staline n'hésite pas : « Il y a des traîtres parmi nous, que l'on fusille sur le champ la moitié des passagers ; quand aux autres, qu'on leur passe la chemise rayée et qu'ils se mettent au travail jusqu'à ce que la voie ferrée soit reconstruite. Peu importent les moyens. »

Ainsi fait-on sur le champ. Le train reprend sa route, traverse la taïga, et à nouveau le mécanicien voit les rails coupés devant lui. Cette fois, pense-t-il, ses minutes sont comptées, mais il faut bien avertir ; et ruisselant de sueurs froides, il surgit dans un wagon : « Camarade Nikita Sergueievitch, les ennemis de la révolution ne sont pas tous morts : la voie est à nouveau sabotée, nous ne pouvons poursuivre notre route ! »

Kroutchev lui dit alors : « Ce n'est rien, camarade mécanicien : prenons les rails qui sont derrière nous, reposons les devant et ainsi de suite, nous pourrons avancer quand même. »

Et au fil des kilomètres , les rails étaient levés, déplacés, le train roulait. Mais quelques temps plus tard, le mécanicien freine dans un grincement terrible ; glacé de peur, il se présente dans un wagon : « Camarade Leonide Illich, vous ne me croirez pas mais pourtant je vous assure, c'est vrai : les antisoviétiques et les impérialistes ont encore coupé la voie. Que faire ? »

« C'est fort ennuyeux, répond Brejnev, mais on peut s'en sortir : que l'on baisse les rideaux de tous les compartiments et que l'on secoue de temps en temps les wagons pour que tout le monde ait l'impression que nous avançons. »

Bien à vous,

Damned