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il trafiquait les résultat.
Ils les grossissaient, nuance.
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Si tu parles du code civil qu'on me rabache souvent aux oreilles sache que son écriture avait déjà débuté sous louis XV, mais bon napoléon était très fort pour s'abbroger les merites des autres.
Queneni, les travaux sous louis XV n'etaient dans les faits que de simples ébauches (Modernisés) de l'ordonnance de Montilz-lès-Tours (1454), et des Codes Henri et Marillac de 1585-1614. Ne comparons pas l'incomparable.
Quant au vrai Code Civil, il y eut trois projets de Codification (Par Cambacérès), dont trois refus (1793, 94, 97), et pourtant trois projets relativement distincts en teneur. Et malgré ton affirmation, l'intervention de l'Empereur fut dés plus décésive : Quant à la reprise du projet, quant à sa direction (Il préside de 1802 à 1804 le Conseil d'Etat qui s'occupe du dit code) et de son institution. Donnant lieux à un Code Civil, comportant plus de 1000 articles (1241) que le dernier en date.
Quant au brûlot de Ribbe, voici une lettre qui, je le pense, répondra aux nombreuses questions du genre :
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Lettre à Monsieur le Premier Ministre Dominique de Villepin.
M. Raphaël Lahlou, historien, prix VERDAGUER 2005 de l'Institut de France (Académie française).
Monsieur le Premier Ministre,
C'est avec inquiétude que je m'adresse à vous, en tant qu'historien et, tout autant, en citoyen soucieux de la paix civile. Depuis plusieurs mois, et plus encore depuis quelques jours, face au bicentenaire de la bataille d'Austerlitz (célébré avec sobriété et modestie en France comme à l'étranger), s'élève une vague de protestations aux relents extrêmement inquiétants, et venant des représentants du collectif du 2 Décembre et de divers organismes similaires et associés, dont le membre le plus important, du point de vue du talent et des capacités médiatiques, est M. Claude Ribbe.
Ce dernier est l'auteur d'une belle évocation romanesque du général Dumas et d'un bon récit sur l'expédition de Saint-Domingue; mais les derniers travaux de M. Claude Ribbe, sur l'esclavage et son rétablissement, en 1802, sont volontairement polémiques et provocateurs.
L'ampleur des réactions de ces collectifs et de leur représentant ne me semble plus appartenir au domaine de la recherche historique sereine. En effet, le comité entend faire poursuivre de manière posthume Napoléon Bonaparte, au niveau moral et au niveau d'une histoire revisitée, pour crime contre l'humanité parce que ce dernier, en 1802, aurait rétabli l'esclavage par une seule volonté raciste et meurtrière, par une logique « génocidaire ».
Un projet, Monsieur le Premier Ministre, de ces collectifs est de faire remettre la légion d'honneur au général Alexandre Dumas, de manière posthume. Préparant une biographie sur son fils, l'illustre écrivain, je m'associe volontiers à cette idée. Comptant dans mes ancêtres des généraux divisionnaires de la Révolution, en particulier le jeune général corse Jean-Charles Abbatucci, mort héroïquement en défendant Huningue, en 1796 (et lui-même non titulaire de la légion d'honneur), je ne puis qu'être sensible à cette démarche.
Cependant, les dernières réactions de M. Ribbe sur la question épineuse de l'esclavage et sur la responsabilité «criminelle» et unilatérale de Bonaparte dans son rétablissement, en 1802, appellent plusieurs commentaires ou remarques nécessaires. Car un autre projet, auquel je me refuse à accorder le moindre crédit, de M. Ribbe et de ses collectifs, est de faire poser sur la tombe de Napoléon aux Invalides une plaque portant l'inscription suivante : « Ci-gît l'homme glorieux qui, en 1802, a rétabli l'esclavage ».
Assurément, Bonaparte a maintenu ? et non pas rétabli ? l'esclavage, ainsi que le dit expressément le texte de la loi de 1802 ; mais il n'est pas possible d'oublier d'autres faits, et en particulier le contexte général de l'affaire. Car, même si l'esclavage est officiellement aboli en 1794 par la Convention, la loi d'abrogation ne fut guère appliquée. Ainsi, en Guyane, par exemple, dès 1794, le commissaire Brusnel instaure pour les esclaves affranchis un rigoureux travail forcé, qui sera maintenu par Victor Hugues, nommé à sa succession par le Directoire agonisant, au printemps 1799. Les révoltes avaient éclaté dans les colonies françaises dès 1791 (le cas de Saint-Domingue étant à la fois le plus flagrant et le plus ambigu : Toussaint-Louverture, devenu général français allait mener dans les années suivantes, jusqu'à sa capture par les Français en 1802 et sa mort en prison en 1803, une politique où le travail forcé et l'esclavage « pragmatique et économique », allaient avoir une triste part dès le milieu des années 1790).
La loi généreuse d'abolition de 1794 ne fut guère appliquée. En 1797, le Directoire (sans Bonaparte, naturellement), préparait déjà la fameuse expédition de « remise au pas des colonies », qui ne devait aboutir qu'en 1802, sous les ordres de Leclerc à Saint-Domingue et de Richepance et de Victor Hugues pour le reste des îles. Les officiers et généraux « de couleur » furent radiés des cadres militaires en 1797. Ce que, dans ses propos, M. Ribbe se garde bien de signaler, attribuant cette décision regrettable au seul consul Bonaparte, en 1802.
Du reste, sans entrer dans le strict débat de l'esclavage et de son abolition, Monsieur le Premier Ministre, il faut se souvenir que, de la Convention jusqu'aux années du Consulat, les Noirs (esclaves ou non) ne furent pas seuls à subir, lorsqu'ils se révoltaient avec souvent d'excellentes raisons, une répression féroce : l'Ouest de la France, Bretagne, Mayenne, Vendée, les régions de Marseille ou de Lyon, également, connurent une répression sauvage. C'est en Vendée que l'on expérimenta les boules soufrées, premières ébauches de mort par gaz, que M. Ribbe ne trouve qu'en Guadeloupe.
Lors d'un bref débat le mettant en face de M. Thierry Lentz, historien et président de la Fondation Napoléon, dans le bref espace d'un journal télévisé du service audiovisuel public, M. Ribbe a eu des propos tout à fait regrettables. En particulier, lorsqu'il a essayé de faire des amalgames douteux, entre Napoléon et Hitler, et en insistant sur le voyage parisien de ce dernier en 1940, sur sa visite au tombeau impérial des Invalides.
Ce voyage, M. Ribbe le trouve révélateur de l'admiration du raciste et criminel chancelier allemand pour le « raciste et criminel » Premier Consul Bonaparte. Celui-ci est devenu Empereur des Français et de la République française en 1804 et s'est trouvé finalement confirmé par le succès des armes d'une armée nationale et républicaine, le 2 décembre 1805 à Austerlitz (cette bataille essentielle et médiatique sert de « raison », sans doute le 3 décembre 2005, à M. Ribbe pour mettre en scène une manifestation fortement politique contre « Bonaparte l'esclavagiste ». Sans quoi, l'on ne voit guère le rapport entre l'esclavage et les plaines de Moravie, le cadre fameux de la fameuse bataille). Pourquoi ce mépris relatif des institutions françaises, tandis que ce même jour une reconstitution de la bataille aura lieu sur place, mêlant dans le même élan commémoratif des Français et différents ressortissants étrangers, dont un Napoléon américain. Vainqueurs, vaincus et neutres sont ainsi réunis.
Poursuivant son propos amalgamant, M. Ribbe affirmait ensuite que, lors du retour des cendres du Roi de Rome, en 1942 (qui ne fut qu'une tentative politique perfide de manipulation de la part des autorités du Reich), la France et Pétain avait fait un accueil enthousiaste à la dépouille, dans un grand mouvement de foule. Rien n'est plus faux. Peu de monde assistait à la lugubre cérémonie. Et, contrairement à ce qu'affirme M. Ribbe, ce ne sont pas des soldats allemands qui portèrent jusque dans son tombeau des Invalides la cendre du malheureux Napoléon II, mais une escorte de soldats français.
Par ailleurs, dans son utilisation actuelle du général Dumas contre Bonaparte, M. Ribbe transforme singulièrement deux faits : c'est en Egypte que, définitivement, pour des motifs politiques et non pas racistes (Dumas refusant de soutenir le retour en France de Bonaparte), les deux hommes virent leur route commune séparée. Bonaparte en conçut un dépit définitif qui, dans les années suivantes, brisa la carrière de Dumas. Jusqu'à l'Egypte, Dumas (ami de Kléber et de Jourdan) avait la faveur de Bonaparte, qui le surnommait « l'Horatius Coclès du Tyrol ». Ce n'est pas le consul Bonaparte qui fit détruire la statue du général Dumas à Villers-Cotterêts, mais les Allemands en 1943 ; mais pour M. Ribbe, Hitler et Napoléon appartiennent au même monde.
Alors que Napoléon appartenait bien au sien, à un monde où les puissances d'Europe liguées contre la France révolutionnaire et impériale, pratiquaient majoritairement, massivement et durement l'esclavage (y compris la république américaine de Washington et Jefferson, l'Angleterre ou encore l'Espagne et le Portugal). L'attitude du Premier Consul en 1802 n'est donc pas isolée à la seule nation française. Et Bonaparte est en cela même l'héritier des contradictions de la Révolution... Parmi les vieilles monarchies, le Danemark ayant posé le principe de l'abolition en 1792 mettra onze ans à l'appliquer, à partir de 1803.
Par ailleurs, les colonies sous Napoléon (une fois réalisée la cession de la Louisiane et en gardant à l'esprit que les diverses îles, dont les Antilles restent constamment menacées ou sont progressivement occupées par les Anglais), ne représentent plus, à partir des années 1802-1808, qu'un espace très limité, une suite de confettis géographiques peu peuplés, où les Français perdent leur influence au profit de puissances alliées (elles aussi esclavagistes, et à plus grande échelle (Espagne en particulier ou Portugal). Par ailleurs, Saint-Domingue est indépendante de facto en 1804, sans que l'esclavage y cesse immédiatement sous Toussaint Louverture (jusqu'en 1802) et ses successeurs par « pragmatisme économique ». Autrement dit, le terrain de maintien de l'esclavage fut, entre 1802 et 1815, de plus en plus réduit. De cela aussi, il faut tenir compte, ainsi que de la duplicité anglaise, interdisant tactiquement la traite en 1807, mais n'émancipant les esclaves qu'entre 1833 et 1838.
Cette lettre est bien longue, Monsieur le Premier Ministre, et je me dois de finir sur deux faits graves : M. Ribbe a parfaitement le droit d'en vouloir au Consul législateur de 1802 ; il ne peut cependant ignorer que Napoléon, le 29 mars 1815, interdit formellement par décret la traite et le commerce d'esclaves. Cette disposition, conforme par ailleurs à celles du traité de Vienne, fut complétée par une ordonnance royale en 1818. La route de l'Abolition, aboutissant législativement en 1848 et, formellement grâce aux efforts de Napoléon III contre la traite clandestine en 1861, fut donc ouverte par Napoléon 1er. Ajoutons enfin, que M. Ribbe refuse de pardonner à Bonaparte tandis que le propre fils du général Dumas avait su le faire, en 1814. Et la famille Dumas s'était à ce point réconciliée avec les Bonaparte que l'une des filles d'Alexandre Dumas fils devait épouser l'éminent historien bonapartiste Ernest d'Hauterive, biographe méticuleux du général Dumas en 1897 ; une autre de ses filles devait donner à l'un de ses garçons en prénom celui de Napoléon : il s'agit de Serge-Napoléon Lippmann, arrière-petit-fils d'Alexandre Dumas père.
Par ailleurs, la hargne avec laquelle M. Ribbe poursuit avec l'accusation effarante de « révisionnisme » d'éminents historiens napoléoniens ou des spécialistes de la traite négrière, tels M. Max Gallo et M. Olivier Pétré-Grenouilleau ? lequel a été primé par le Sénat ?, est absolument inacceptable. On ne peut utiliser le pouvoir médiatique qui est le sien et de la manière dont il s'en sert sans faire des amalgames douteux, et sans finalement courir le risque de graves irresponsabilités. Que M. Ribbe ait librement sa vision de l'esclavage, de ses conséquences, c'est très normal, mais de grâce, aux lendemains d'une crise difficile pour la Nation, qu'il ait davantage le sens de la mesure et l'apaisement national. Et qu'il cesse ses excès de procureur dangereux !
Car enfin, M. Ribbe, si prompt qu'il soit à bondir sur les écrivains et les historiens, est-il bien conscient du danger de certains propos et amalgames excessifs, dans une France marquée par de graves événements en banlieues ? Où le corps professoral a bien du mal à assurer l'ensemble de sa mission auprès des jeunes... M. Ribbe qui a pu bénéficier de l'égalité des chances, qui incarne une belle réussite entre Ecole Normale et agrégation de Philosophie, devrait être sensible à une certaine sérénité. Voilà, M. le Premier Ministre, ce que je tenais à vous dire. Il ne me reste qu'à vous prier de croire en ma parfaite et haute sympathie."
Bien à vous,
Damned