Premier concours:
Sujet: Journal de bord
Vainqueur: Haaziel
Note finale: 4.08
Lien:Nouvelle de Haaziel
Jour 1 de notre périple :
Tout le monde semble désireux d'en finir au plus vite afin de pouvoir embarquer. Mon compagnon et moi-même nous rendons dans le nord. Vers la terre des nordiques.
Erin et moi-même sommes d'anciens bretteurs. Notre amitié nous a toujours conduit dans des impasses mais également vers les issues cachées qu'elles recelaient.
Le capitaine du navire est plutôt jovial. Ses yeux ronds et ses bonnes joues sont rassurants. La clique des marins qui l'accompagne un peu moins.
Ça y est, nous quittons l'Empire pour les terres des sauvages. Selon le capitaine, le temps sera sec demain ? nous verrons.
Jour 2 :
On a essayé de nous substituer quelques vivres. Quelle misère, certains passagers n'ont rien pris avant d'embarquer et se retrouvent à fureter afin de chercher à satisfaire leur appétit. La petite fille que j'ai surprise à essayer de me faire les poches s'est vite raidie en sentant ma lame contre son dos. Mais j'ai été magnanime et je l'ai laissé repartir avec une pomme : « N'hésites pas à la partager avec la famille qui t'accompagne mais ne dit pas d'où tu tiens ce fruit ».
Erin m'a regardé avec de grands yeux au tout début. Il devait s'attendre à ce que je la renvoie sur le pont à grand coup de pieds. Mais j'ai vu à son sourire qu'il venait de comprendre ? pourquoi se mettre tout un navire à dos en martyrisant une frêle jeune fille quand il suffit de procéder discrètement.
Il faudra que je pense tout de même à ne pas abuser du poison. Celui qui recouvrait la dague qui a servit à saisir la pomme s'est sans aucun doute répandu dans le réseau végétal de cette dernière.
Jour 3 :
Que de brigandage ! Les passagers les plus isolés se font molester et parviennent tout juste à conserver de quoi manger. L'équipage du transport semble s'être lassé de regarder les voyageurs se disputer pour des bouts de chiffons et a décidé de mettre un terme à la tyrannie de certains groupes organisés. On est plus forts en bande ?
Erin a eu une altercation avec une sorte de gang improvisé et s'en est très bien sorti. L'armure lourde n'est qu'une gêne sur un navire dont le roulis vous sape l'équilibre. Ces imbéciles n'ont pas vu venir la plupart des coups portés et plusieurs visages ont volés avant la moindre riposte. Il se jouait des armes plus ou moins rouillées ou ébréchées de ses adversaires et chaque frappe faisait couler un peu plus de sang.
Quel guerrier cet Erin ? nous avons toujours du mal à nous départager.
Jour 4 :
Une journée sans incidents. La terre est en vue avant la tombée de la nuit. Peut-être la nouvelle de l'arrivée a-t-elle calmé les esprits.
Quoi qu'il en soit, c'est ici que commence notre parcours.
Nous allons nous coucher avec anxiété. Je ne vois pas pourtant ce qui pourrait nous rendre nerveux. Cette nuit là, nous allons dormir la lame à la main.
Jour 5 :
Le bateau a accosté durant la nuit et le capitaine nous a laissé dormir. Après en être descendus et avoir remercié l'équipage, nous nous sommes dirigés vers des habitations afin de nous renseigner. Les nombreux pêcheurs barbares ne ressemblaient en rien aux guerriers nordiques qui attaquaient les terres de l'Empire et joignaient les forces des dieux du Chaos. Aucun tatouage significatif, aucunes traces d'animosité ? nous serions nous trompés ?
Malgré nos premières craintes, nous nous sommes rendus dans une zone du village côtier qui semblait être le marché. Selon les marchands, les terres les plus au sud des royaumes nordiques sont les moins touchées par les apparitions de monstres et les manifestations divines. Il nous fallait acheter de l'équipement adéquat afin de rejoindre notre objectif. Les fourrures que nous nous procurons s'adaptent parfaitement à nos armures et gênent très peu nos mouvements. Erin semble deux fois plus massif avec cet attirail sur le dos.
Il n'est pas sage de s'en aller vers l'inconnu pour le moment alors nous décidons de passer la nuit qui suit dans une auberge.
Jour 6 :
Nous commençons à marcher dans les plaines verdoyantes ? plaines qui se changent peu à peu en tapis blanc du fait de la neige qui la recouvre.
J'ai refusé que nous prenions des chevaux. Si nous avions du en acheter, adieu notre protection contre le froid ; le manque de moyens. Nos discussions tournent toujours autour de ce que nous aurions pu faire si nous n'avions entrepris ce voyage et également sur ce que nous allions sans doute trouver par delà les contrées gelées.
Ce vieillard nous a donné de solides garanties et le trésor sera à nous.
Nous faisons quelques poses de temps en temps, nos traits changent légèrement mais je ne saurais dire vraiment en quoi.
Jour 7 :
Quelle nuit ! Nous avons été assaillis par des créatures que nous n'avions encore jamais vues. Bien loin des monstres tels que les trolls ou les hommes bêtes, je n'avais encore jamais vu ça. Une peau molle mais qui se durcit à l'approche du métal, des cornes surgissant de plusieurs parties du corps et des lames d'une taille et d'un matériau peu commun. Nous avons du nous battre comme des démons pour nous en défaire. Cette fois-ci, c'est moi qui suit allé au secours d'Erin en tranchant le bras qui allait mettre fin à ses jours. Une fois l'effet de surprise passé, nous les avons écrasés. Une quinzaine de corps gisent au sol. Des corps qui semblent lentement être absorbés par la terre mais également dissous par le vent. Quoi que ce soit, leurs lames sont nôtres. Il faut dire que celle d'Erin a été fracassée par les armes de nos agresseurs. Nous avons chacun pris une épée qui nous convenait ? les haches et masses ne sont pas ce que nous préférons.
Jour 8 :
Les rencontres telles que celles de la nuit dernière se font de plus en plus fréquentes. J'ai l'étrange sensation que les armes dont nous nous sommes saisis sur les cadavres sont en train de s'adapter à nous. Il me semblait d'abord qu'elles étaient un peu trop grandes, même pour des lames à deux mains. Et depuis peu, je manie mon épée comme si il s'agissait de celle qui m'avait été forgée sur mesure lorsque j'en avais fait la demande. Non, ce n'est pas ça, je manie cette arme bien mieux que mon ancienne épée.
Les changements sur nous sont déjà plus probants. Ma peau tire désormais plus vers le blanc, comme si j'avais passé quelques années en cellule sans voir la lumière du jour. Celle de Erin tourne plutôt vers le noir ? c'est amusant de voir un tel contraste. Il reste que nous avons été sur le point de faire demi-tour. A quoi bon être riche si nous ressemblons à des cadavres. Une fois de plus, la curiosité l'a emporté. Nous poursuivons donc.
Jour 9 :
La carte a changé ! J'espère que le vieux ne nous a pas envoyé ici pour nous perdre et que nous mourrions oubliés de tous ? de toute façon personne ne veut nôtre mort et puis nous ne sommes pas très connus ? que se passe-t-il ?
Erin et moi avions fait chacun notre copie de la carte. Après avoir examiné la sienne je me dis que j'ai bien fait de m'appliquer à faire la mienne. Nous suivons mes instructions afin de rallier l'endroit qui était indiqué sur la carte avant qu'elle ne devienne aussi utile qu'un torchon.
Le soleil ne perce que par moments et il est difficile de deviner l'heure de la journée. Alors que nous allions nous arrêter pour nous reposer, nous avons ressenti un avertissement. Il fallait que je me couche au sol. Erin lui semble avoir mal au crâne. Je me jette donc sur lui pour nous plaquer tous les deux. Les flèches qui passent au dessus de nos corps n'étaient pas là pour nous endormir. Un groupe de barbares très différents de ceux du port se lance à notre rencontre. Ils sont tatoués et l'on peut reconnaître la marque du Chaos universel sur chacun d'eux. Nos épées empoignées, nous courrons vers l'ennemi. Erin souffre atrocement à la tête et se bat avec difficulté mais il est un excellent guerrier et les changements récents le font paraître comme une machine à faire la guerre. En y repensant, moi aussi. Nous éclatons les crânes, les plaques d'armures légères sont enfoncées, les membres sont tranchés. Le plus étonnant est que j'ai l'impression de tout savoir de ce qui va se passer. J'anticipe ? ? non, c'est plus que cela ? je visualise ? Oui. C'est exactement ce qui est en train de m'arriver ; je visualise.
Jour 10 :
Après des heures de marche, nous atteignons un monolithe très particulier. En place de la pierre qui constitue les différents escarpements de la région, se trouvent des miroirs polis dont les nuances réfléchissantes ne cessent de varier. Quel spectacle ! Notre reflet se tord et se distend. Nous voyons nos visages prendre de l'âge et se flétrir ; l'instant d'après il s'agit plutôt de visages altérés par des mutations ou des malformations assez repoussantes.
C'est au même moment que Erin et moi-même, attirés par le visage qui nous apparaît, pressons sa surface.
Lorsque je me retourne, Erin a disparu et à sa place se tient un guerrier au teint sombre avec des relents de lave formant un réseau de rides. Où est donc mon compagnon ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de m'attarder sur cette question car je peux déjà prévoir l'attaque que me portera le monstre qui me fait face. A peine a-t-il levé sa lame que la mienne vient s'interposer. Malgré mon assurance, la violence du coup est telle que je ne peux que reculer et me mettre en garde. Si j'arrive à prédire les actions de mes ennemis, je ne peux encore évaluer leur force. Le style de combat de mon adversaire se rapproche énormément de celui de Erin mais la musculature et l'énergie employées n'ont plus rien à voir.
Je reconnais chacune des parades, des esquives, des contre esquives, des feintes ? se pourrait-il que ? trop tard ? je lui perfore le poumon droit et mon bras remonte pour lui sectionner l'épaule. Sur ma lame le reflet de mon visage. Identique à celui du monolithe au moment où je suis entré en contact avec. En y repensant, je n'ai pas vu quel aspect avait le plus attiré Erin.
Le sang coule et gorge la terre au pied du monolithe. Je m'y regarde une nouvelle fois ? les contours changeants se sont fixés et seules les couleurs prennent des tons changeants. Je ne suis plus le même. Mon pectoral affiche une icône que je reconnais sans peine. Le serpent stylisé. Mon armure est devenue plus ouvragée et d'or. Un heaume repose sur le sol et complète parfaitement l'ensemble.
Le monolithe se remet à onduler et des caractères inscrits dans un langage que je ne suis pas sensé maîtriser m'informent : « Bientôt tu connaîtras la magie. Bientôt tu auras le savoir et tes ennemis ne pourront rien contre toi. Tu es mon pion et réjouis t'en. »
Jour 29 :
Je n'ai plus besoin de ce journal. Il appartenait à un être qui a cessé d'exister. Je suis devenu supérieur à beaucoup ? supérieur aux humains, supérieur aux elfes, supérieur aux nains ? J'ai décidé d'intégrer un collège de magie de l'Empire. De là je pourrais sûrement faire parler de mon maître.
Garde de Nuln : « Monseigneur ! Monseigneur ! Nous avons trouvé ceci au hasard d'une de nos patrouilles. Ces feuillets portent un signe impie sur la couverture ? nous avons préféré ne pas l'ouvrir. »
Grand inquisiteur : « Je vois, mettons nous en route pour démasquer celui qui se cache au sein des écoles de magie et qui sert les dieux sombres.
Pietro c'est la première fois que tu m'accompagnes, je vais t'enseigner comment devenir un bon inquisiteur. »
Pietro : « J'y compte bien monseigneur, je ne veux pas vous décevoir. »
Mais en secret Pietro savait pertinemment que cette chasse au sorcier au sein des collèges de magie allait faire tomber beaucoup de têtes influentes alors qu'il n'y avait aucun agent infiltré en leur sein. Il frémit d'excitation et rabaissa sa capuche le temps que le symbole de Tzeentch ne disparaisse de sa nuque qu'une montée d'adrénaline avait fait apparaître malgré les sortilèges d'altération de la forme physique. « Mon pauvre Erin, si tu pouvais encore être avec moi, tu te serais bien amusé. » Marmonnât-il pour lui-même.