Bon, voilà voilà, après une
longue absence due à la période houleuse qu'est la fin d'année scolaire (exams en force, dont le dernier en date où je me suis brillamment planté d'ailleurs, mais [oO c'est qu'il m'a censuré mon mot !] ), me revoilà pour la suite des joyeusetés de Lauvitz Engelson et tous ses joyeux keupins.
Bon, petite mise au point.
i=> Les Tau possédés, je sais à quel point ça semble bizawwe, je suis moi-même joueur Tautau, lectureur du codex maintes et maintes fois, et je sais que côté résonnance Warp, ce sont des cailloux psychiques. Mais voilà, même les cailloux ont une résonnance dans le Warp, et les Tau en ont une
" très faible ", dixit le 'dex-en-chef, mais elle existe bel et bien. Donc, dur dur de posséder du peau-grise, mais possible néanmoins (et puis ça vous donne une idée de la puissance dudit démon, un peu de pub pour un méchant, ça fait jamais de mal).
=> Le fameux Ordre en question. Oui, effectivement, c'est classe. Oui, effectivement, ça outrepasse les limites du flouffisme. Non, effectivement, je ne le retirerai pas, d'une part parce que vu comme je suis parti loin avec ça, je vais pas l'enlever maintenant (autant détruire toute ma fic ; ah ?
c'est ce que vous vouliez ? ouais bah pas de pot, c'est non), et d'autre part parce que ma maman a dit que c'était cool donc je le laisse.
=> Chap 8 enfin bouclé, donc trois chapitres en attente (avec celui que je vais poster dans quelques secondes), ça vous fera méditer et comme je ne serai pas là pendant les vacs, vous aurez tout pour ruminer un peu quand il pleuvra dehors ou que vous aurez envie d'abîmer vos mirettes sur mes pavés. Ne vous étonnez donc pas si après le chap 8 il n'y a rien pendant deux mois, c'est tout à fait nowmal.
Bref, sur ce retour pas très fracassant où je parle beaucoup trop de ma life, la suite, en direct d'ici :
____________________________________________________________________CHAPITRE VI NOUS ERRIONS DANS les sous-sols sans fin du complexe depuis plus d'un quart d'heure, à présent. Nous avions perdu la trace du Magus depuis belle lurette et nous n'avions aucun plan de ce dédale souterrain. Nous n'avions aucun repère dans ces tunnels qui se ressemblaient tous, ces excavations grisâtres et pantagruéliques.
Et pire que tout, nous perdions du temps !
Nous perdions un temps précieux à traquer un misérable Magus Genestealer au lieu de continuer nos investigations sur Valkyrie ou Eldohstan !
Eldohstan'
Un vieil ami, m'avait-il nommé. Pourquoi ?
A tout hasard, j'avais lancé un court communiqué à l'
Excruciator, utilisant le code Bliss pour contacter Traed.
- Edge. Défaillance du système oculaire. Macrosynthèse requise. Fin.
En Gothique simple, cela signifiait qu'il nous était impossible de localiser la cible par nos propres moyens. Je réclamai également le renfort de l'escouade Retributor que Janrius avait réquisitionnée auprès des Gardiennes de Vaul. J'avais l'étrange pressentiment que nous allions en avoir besoin. L'intuition que le Carnifex n'était pas la seule arme mortelle de ce culte étonnamment nanti.
- Ne bougez plus, ordonna Velminzey.
Le Bone Stinger était en tête de file, suivi de moi-même, et arrière-gardé par Helblivion. Lorsqu'il nous enjoignit de nous immobiliser, nous obéîmes sur-le-champ.
Sans un son, il nous fit signe de tendre l'oreille.
Rien.
Puis
ça parvint à nos tympans.
D'abord distant, comme une complainte sourde et confuse, un murmure étouffé et lointain. Puis
ça s'affina. La plainte se fit moins bourdonnante, et nous débutâmes à capter une mélodie. Douce. Très douce. Infiniment plus suave et veloutée que tout ce qui avait caressé mon âme avant. C'était quelque chose?d'entraînant, d'harmonieux, un symphonie exquise qui apaisait mon âme et en chassait peines et tourments. Et en même temps, c'était tellement'touchant, tellement'stimulant ! Sur le coup, j'eus même l'impression que cette musique enchanteresse avait été créée pour ne provoquer que mon bien-être. Et par mon bien-être, j'entendais « bien être » mais j'entendais surtout
mon.
Je tournai lentement sur moi-même pour voir si Helblivion ressentait la même chose que moi.
Figé, le Techmarine semblait perdu dans ses pensées, absorbé par une rêverie d'une sérénité sublime, angélique, parfaite. Sa charpente massive semblait oscillait lentement, au rythme de la litanie, paisible et calme, ses malheurs oblitérés eux aussi par la pureté du songe.
Toujours transporté par cet air paradisiaque qui ravissait chaque particule de mon être, je me retournai à nouveau pour faire face à Velminzey, afin de voir si l'innocence céleste de ces notes avait enfin eu raison du spectre brumeux qu'incarnait sa figure blême et décharnée.
L'horreur qui m'envahit alors annihila toute trace de tranquillité en moi pendant une fraction de seconde, tant elle était grande.
Les traits crispés à l'extrême, ses lèvres tirées dans une expression de mortelle agonie, ses pupilles exorbitées semblaient prêtes à jaillir de son crâne, cramoisies par le brusque afflux de sang, vitreuses et hagards, la lueur froide les illuminant d'une cruauté coutumière ayant tout simplement disparu comme si elles avaient perdu toute trace de vie. Des larmes coulaient de ses orbes monstrueux et inanimés, et je fis inconsciemment un pas en arrière en m'apercevant avec répulsion que c'était des larmes de sang.
- Qu'qu'est-ce que? ?
Il eut un spasme frénétique et bascula soudain en arrière.
- LUCA !
C'était la première fois que je l'appelais Luca. Je ne m'étonnai pas qu'il m'appelle à son tour par mon prénom.
- Lauvitz?!
Une gerbe de sang gicla de sa bouche et vint éclabousser la robe d'Helblivion. Aussitôt, l'Urban Striker sortit également de sa torpeur, et sembla foudroyé d'avoir soudain à ses pieds un Bone Stinger plus mort que vif. Une main bouffie et violacée vint cerner mon poignet et une sentiment alarmant me saisit à nouveau en m'apercevant que c'était celle de Verlminzey.
- Luca ! Qu'est-ce qui se passe ?
- Lau?vitz?tu?ne l'entends pas ?
Ses yeux roulaient dans ses orbites à la manière d'un dément et du sang commençait aussi à perler de sa bouche.
- Qu'est-ce que je ne t'entends pas ?! lui demandai-je sans comprendre. Cette musique ? Cette musique douce et mélodieuse qui apaise mon esprit ?
A son tour, il me lança un regard surpris.
- Quelle?musique ? Je n'entends'que le chant des morts'
Le chant des morts ?
Le Bone Stinger fut à nouveau envahi de convulsions violentes, et un hurlement inhumain s'extirpa de son larynx tordu par la douleur alors qu'il se contorsionnait follement sur le parterre.
Soudain, sa face de forcené se tourna vers moi et il brailla outre ses cris :
- EVISCERATOR ! EVISCERATOR !
Eviscerator ? Sans chercher à comprendre, je saisis l'épée-tronçonneuse et tentai péniblement de la fourrai entre ses doigts. Je ne réagis pas en le voyant armer le mécanisme de rotation.
Cependant, lorsqu'il porta la lame à sa tempe, je me jetai brusquement sur lui et lui arrachai l'arme des mains.
- QU?EST-CE QUE TU FAIS ?! vociférai-je en envoyant voltiger l'outil de mort plusieurs mètres plus loin.
Il me dévisagea d'un air désespéré ; et sa tête tomba en arrière, inconscient.
?avant de me repousser brutalement et, une expression de haine consumant ses traits, de s'enfoncer les index dans les oreilles. Lorsque le sang commença à en goutter, je sus qu'il venait de ses crever les tympans.
Aussitôt, les symptômes d'agonie disparurent de son visage, et il se releva d'un bond.
L'effet de surprise et la vitesse fulgurante m'empêchèrent alors de parer son poing, lorsque celui-ci fusa vers ma mâchoire comme un véritable météore.
Puis, utilisant le flux qui coulait sur ses joues et perlait sur ses lèvres, il marqua à même le sol :
J'ai failli crever à cause de toi imbécile Après m'avoir lorgné d'un ?il noir, il ajouta :
Ta ?? musique ?? est un cantique du Liber Chaotica d-
Il jura silencieusement en voyant que le sang qui tachait son doigt s'était coagulé. Après une courte hésitation, il poursuivit à haute voix :
- Ta « musique » est un cantique impie du Liber Chaotica de Slaanesh, dégénéré !
Slaanesh. Voilà pourquoi ça me paraissait si enchanteur.
- Une musique mélodieuse, hein ? ajouta-t-il en imitant l'air béat que j'avais du avoir d'une manière qui me flattait fort peu. Tsk ! Oui, évidemment ! Ces psaumes hérétiques sont faits pour s'introduire dans l'âme des mortels et les pervertir insidieusement par ses apparences charmeuses.
En tant qu'Intouchable, Velminzey n'avait pas d'âme ? du moins pas celle qui interagissait avec le Warp. Ce qui expliquait pourquoi il n'avait goûté à nul plaisir impur.
- Malheureusement, la véritable nature de ces abominations est toute autre, enchaîna le Bone Stinger. En réalité, cette horreur te fore la tête et les tripes avec une efficacité incroyable. La douleur devrait être insupportable mais la mélodie mielleuse est là pour en couvrir l'effet. Un peu comme un anesthésiant. Le problème, c'est que ceux qui ne reçoivent pas cet anesthésiant ont la fâcheuse tendance de ressentir toute la véritable souffrance quand leur corps se dessèche et qu'ils commencent à se liquéfier.
Une pensée éc'urante s'imposa soudain dans mon crâne.
Je tâtai mon visage. Rien. Je scrutai mes mains. Rien non plus.
- Pas la peine de chercher, me lança le sourd en me voyant faire. Ça ne peut plus vous atteindre tant que je suis aussi prêt de vous. Mon aura d'annulation empêche le Warp de vous toucher.
Je me détendis'et frémis en prenant conscience qu'à nouveau, je n'avais plus de pouvoirs.
Nous nous tournâmes alors vers Helblivion, qui observait les lignes ensanglantées sur le sol d'un ?il interrogateur.
- Pour que celui qui a lancé ces incantations ne sache pas que nous sommes encore vivants, expliqua Velminzey. Mais de toute façon, même si nous restions silencieux, le blanc que je fais dans l'environnement Warp l'aurait fait se douter de quelque chose. Et il aurait su que nous étions toujours vivants.
- S'il a lancé ces incantations, c'est que cet invocateur savait que nous étions là ? demanda le Techmarine.
Avant de se rappeler que le Bone Stinger était sourd.
- Je ne sais pas s'il le savait réellement, répondit soudain celui-ci. Mais il s'en doutait sûrement et il a voulu vérifier. Je n'aurais pas survécu si longtemps si je ne savais même pas lire sur les lèvres, ajouta-t-il à mon intention.
Je le fixai un moment, puis il reprit :
- Bon, maintenant allons purifier cette abomination ; et restez près de moi ! commanda-t-il.
J'avoue qu'à cet instant, l'aiguillon de la frustration m'éperonna d'être ainsi obligé de dépendre entièrement d'un autre. Fût-ce un honneur de suivre l'un des plus grands de l'Imperium.
Comme j'avais pu m'en douter, le cultiste et le Magus ne faisaient qu'un, l'être emmitouflé de rouge les incarnant tous deux à la tête des Genestealers et de la secte d'hérétiques. Ainsi, lorsque nous trouvâmes enfin l'hybride, ressentis-je une certaine satisfaction à l'idée de pouvoir purger deux cultes impies de la surface des terres de l'Empereur.
Hélas, nous arrivions trop tard.
- Il est mort'? s'étonna Helblivion en apercevant la silhouette encapuchonnée à terre, inerte.
Et il ne pouvait l'être plus, répondis-je pour moi-même. Baignant dans son propre sang, la carcasse broyée de l'impur souillait le sol de ses viscères calcinées, exposées à l'air et encore fumantes du frais massacre. Démembré, dépecé, ce qui restait de son apparence organique se résumait à un monceau de chair noirâtre, carbonisé, où peau et os se mêlaient dans une obscène et abjecte parodie d'être vivant.
S'approchant des entrailles liquéfiées, Velminzey se pencha et en saisit une pleine poignée, encore palpitante, et dont les méandres dédaléens qui s'en effilochaient indiquait qu'il s'agissait vraisemblablement d'un reste de cervelle.
- Ce n'est pas une mort naturelle, diagnostiqua-t-il en humant le bulbe crânien.
Bien vu. En effet, il fallait vraiment un discernement exceptionnel pour deviner que ce cadavre en fusion n'était pas mort naturellement.
- Je veux dire qu'il n'a pas été tué par une attaque naturelle, siffla le Bone Stinger avec vexation.
Décidément, cet homme était d'une clairvoyance dérangeante.
- Ces brûlures n'ont pas été causées par des armes conventionnelles comme des lance-flammes ou des bombes incendiaires, enchaîna-t-il. Il a été victime d'une attaque psychique. D'une boucherie psychique, plutôt, ajouta-t-il en laissant l'encéphale dégouliner de sa paume ouverte.
Ça se corsait. Un psyker capable d'étriper sa cible par la pensée était assurément d'un éminent niveau.
Pas assez éminent pour percer l'aura d'un Intouchable.
Une déflagration assourdissante suivie d'un hurlement bestial nous fit soudain tourner la tête ? « nous » étant Helblivion et moi. Voyons nos faces tendues, Velminzey fit de même.
- Quoi ? s'exclama-t-il en nous regardant.
J'ouvris la bouche mais Helblivion galopait déjà. Je m'interrompis et nous lui emboîtâmes le pas.
Alors que nous cavalions à travers le labyrinthe de galeries, une nouvelle explosion retentit, accompagnée d'un autre rugissement. Nous pressâmes le pas.
- Deus ex Mechanicus ! jura Helblivion en se jetant de côté.
L'imitant, je roulai en avant. Velminzey dégaina son arme et scia la lame dans toute sa longueur d'un unique mouvement vertical. Une autre plaque fendit les airs et le contour fuselé en entailla la tempe livide du Bone Stinger. Une goutte vermeil suinta et la plaie coagula aussitôt.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? s'exclama le Techmarine en esquivant le projectile effilé, lequel vint frôler sa gorge.
Un nouvel obus fusa vers sa nuque et, faisant volte-face, il broya l'objet d'un coup de poing dévastateur. Un autre plana dans ma direction et je le démolis du coude.
- Alors quoi ? C'est
ça leur défense ?
Avec un rictus d'arrogance, le Psycho-nihiliste équarrissait sans peine tout ce qui venait à lui, clivant le vide de son eviscerator dans une pluie d'étincelles ; jusqu'à ce qu'il tronçonne d'un geste frénétique la dépouille d'un Genestealer.
Se figeant, il fixa la carcasse démantelée avec surprise, avant d'en fracasser les os contre le parterre.
Au même instant, la volée de fers cessa.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda Helblivion en arrachant son poing d'une plaque de fonte que son bras avait littéralement traversé.
Je n'en savais rien. A vrai dire, j'étais sur le point de poser exactement la même question.
- Qu'est-ce que c'était ? nous lança Velminzey d'un air distrait.
Évidemment, il était sourd. J'aurais pu trouver ça drôle, mais je n'étais pas d'humeur à rire.
Nous reprîmes notre course.
***
Ce qui va suivre fait partie de ces rares moments qui restent à jamais gravés dans la mémoire d'un homme. Ces quelques secondes, cristallisées dans le temps et l'espace, ces instants infimes durant lesquels l'univers tout entier semble être occulté, durant lesquels tout se résume à l'infinitude de quelques mètres et à l'éternité d'une minute.
Aujourd'hui encore, alors que mon existence toute entière se joue dans la cour du Judicii Sanctum de Talasa Prime, j'ai encore le souvenir de cet éphémère absolu, cet ouragan muet où un c'ur réifié par l'exil, asséché par le désert glacé de la solitude, s'embrasa et brûla du feu ardent de la haine.
Le souvenir d'un être que la vie a ruiné et qui lutta seul contre son destin.
Un homme nu, désarmé, seul devant la mort.
C'était une montagne de muscles tuméfiés, mutilés, ses chairs sanguinolentes marquées par le tison de la guerre aussi bien que par celui des flammes, les tatouages gravés à même la peau étant son seul vêtement. Long, émacié, son visage était couturé de cicatrices tortueuses serpentant sur sa face meurtrie telles des brandons torves et osseux. Coiffé d'une couronne blanchâtre qui cascadait en fleuve tumultueux sur ses épaules, son crâne était affublé de deux pupilles d'émeraude, dont la lueur assassine faisait miroiter sa figure de manière cadavérique. La barbe poussait dru sur son menton ravagé, brouillant son poitrail d'une traînée de brume sale. Il lui manquait un bras et ses jambes étaient couvertes de cendres.
Paradoxalement, c'est en cet état de loque humaine, dévêtue, misérable, que je vis guerroyer contre l'inéluctable le plus courageux, le plus fier, et le plus désespéré des Astartes.
Aux prises avec un monstrueux Lictor, le Space Marine était acculé contre un pilier. La poitrine lacérée, il saignait abondamment et ses plaies ne semblaient pas vouloir coaguler, ce certainement du aux milliers de spores infimes qui s'étaient fichées sous sa peau et qui le rongeaient de l'intérieur.
Étrangement, aucun d'entre nous ne vint lui prêter main forte. Nous assistions tous silencieusement à son duel contre son propre sort, contre la fatalité de sa destinée ; et nous sentîmes que nous n'avions aucun droit d'interférer avec cette lutte épique, cette bataille à mort contre la mort elle-même.
Non, ce combat, c'était
son combat.
Le tyranide lança ses bras tentaculaires mais, comme s'il avait déjà anticipé avant même que le coup vienne, l'autre se baissa et roula de côté, alors que les appendices du monstre déchiraient l'adamantium. Se relevant, l'Astartes plongea vers la créature et, de sa paume ouverte, transperça sa garde et percuta son flanc découvert.
La puissance démentielle de l'attaque me laissa bouché bée, alors que le corps désarticulé du Lictor était projeté dans les airs à plus d'une dizaine de mètres.
Cherchant la raison d'un tel prodige, je scrutai le manchot, et m'aperçus que son avant-bras était parcouru de faisceaux incandescents, et que des étincelles dorées jaillissaient du bout de ses doigts.
Un psyker, évidemment. Je compris aussitôt que c'était ce même psyker qui avait du réduire en charpies la carcasse du Magus, et je me dis que c'était également lui qui était à l'origine des plaques de fer volantes.
Bon, au moins une bonne nouvelle, si lui aussi était contre le Culte, nous ne devrions pas avoir à le combattre, logiquement.
Logiquement.
D'autre part, je m'étonnais qu'il aie pu utiliser l'
Adamantis Manus, l'apprentissage de ce pouvoir psychique majeur étant normalement réservé aux servants de la Sainte Inquisition. Pourtant, cet homme n'avait aucunement l'air d'être un Chevalier Gris. Il n'y avait donc que deux possibilités. Ou bien cet individu s'était emparé de la force d'un tome impie et y avait découvert une variante chaotique de l'
Adamantis Manus - ce qui, à bien y réfléchir, me paraissait somme toute improbable, car je reconnaissais bien la forme du pouvoir standard - , auquel cas il devrait recevoir le juste châtiment du renégat. Ou bien...
Un mugissement tonitruant vint se répercuter en écho sur les parois gargantuesques du souterrain et nous vîmes le Space Marine soulever à bout de bras un Guerrier Tyranide, avant de lui fracasser la colonne vertébrale contre le sol dans une explosion viscérale.
J'eus la surprise de voir un hybride ruer vers lui, lequel fut simplement éjecté par l'onde psychique d'un geste dédaigneux de la main. Il y avait donc des humains encore en vie dans le complexe ? Cette pensée était lourde de significations, car tant qu'un être humain fertile et contaminé était toujours vivant, la possibilité que le Culte renaisse ailleurs demeurait présente. Mais, sur le coup, j'étais trop absorbé par ce qui se déroulait devant mes yeux pour une traque de mutants.
Une flopée de Genestealers surgit brusquement du vide, et bondit d'un même élan sur l'Astartes. Celui-ci tendit la main et, après une courte incantation, un cône de braises dévorantes jaillit de sa paume et vint consumer la chair visqueuse des xenos. Lorsque les flammes s'évanouirent, il n'en restait plus qu'un tas de cendres fumantes.
Ce pouvoir m'était aussi connu. L'
Ignis Claustra constituait en effet la fierté des Archivistes Dark Angels, car seuls ceux du premier des Chapître étaient aptes à le maîtriser, et les psykers de tout l'Imperium bavaient d'envie et d'admiration lorsqu'ils en voyaient la pleine puissance déchaînée.
Je n'y faisais pas exception et je ne pus m'empêcher de ressentir un vif sentiment de respect mêlé d'amertume lorsque quatre autres hybrides furent carbonisés de ses mains.
Un seul était encore en vie, mais il s'était figé en voyant ses pairs brûler. L'espace d'un instant, il sembla se ressaisir et leva son pistolet-mitrailleur vers le Space Marine ; mais la lueur de jade du géant parut soudain s'intensifier et l'impur poussa un hurlement de terreur avant de lâcher son arme et de fondre en larmes sur le sol.
Encore la marque de l'Inquisition. Le
Purgatus était une attaque cruelle qui se résumait à un simple regard, regard empli de haine et de courroux qui pouvait embraser la culpabilité d'un homme au point de le réduire à une épave démente et misérable, sanglotant sur la honte de sa propre impiété.
Une seconde, l'Astartes fixa avec mépris la dépouille sordide que les lamentations chuintantes rendaient plus pitoyable encore, avant de le faire imploser d'un mouvement de lèvres.
Les entrailles giclèrent dans un pulsar sanglant et le silence retomba.
...avant d'être aussitôt brisé par un beuglement bestial qui fit trembler les fondations mêmes du bâtiment.
La lutte infernale que nous avions livrée quelques minutes avant m'avait déjà exténué, et le fait de se retrouver face à un Carnifex dans un lieu pareil m'avait proprement sidéré. Imaginez ma surprise en en voyant un deuxième surgir de l'ombre.
D'autant plus que celui-ci me paraissait encore plus énorme que le premier.
Affublé de cornes massives qui pointaient de chaque côté de son crâne, de quatre membres antérieurs musculeux, dont une paire était garnie de griffes effilées et l'autre de pinces démesurées, ainsi que d'une poche glandulaire proéminente sous le menton chargée à coup sûr d'un acide déraisonnablement corrosif, la bête était titanesque, et je pris la fantaisie de le classer dans la catégorie des Lucanifex.
Ce qu'il y avait de plus gros, de plus grand, et de plus dévastateur parmi les essaims de l'Esprit de la Ruche.
C'était fini, l'Astartes n'avait aucune chance.
Cependant, même à ce moment-là, nous restâmes immobiles, et j'eus même la sensation que c'eût été la pire des insultes possibles que d'aller prêter main forte au Dark Angel, même dans ces conditions.
C'était son combat.
Avec un nouveau rugissement, le tyranide fit un pas en avant, sa forme démesurée creusant des cratères dans le sol à mesure qu'il se déplaçait.
Sans hésiter, l'Archiviste marcha vers lui, son corps nu nimbé d'un halo flamboyant, sa paume parcourue d'étincelles écarlates.
Le Carnifex fit claquer ses griffes et chargea. Réagissant au quart de tour, le Dark Angel croisa le bras sur sa poitrine et une volute de fumée blanche l'enveloppa. Le monstre ralentit et essaya de percer l'écran brumeux, lorsqu'un trait de feu fusa du brouillard et vint percuter son front. Aussitôt, une rafale de projectiles enflammés jaillirent du nuage jusqu'à ce que le Space Marine lui-même en bondisse, bras tendu pour libérer à nouveau la fureur de l'
Ignis Claustra sur la créature. Un instant, celle-ci sembla déflecter les flammes...avant d'être engloutie dans un véritable torrent de feu.
L'Astartes recula pour ne pas être touché par les coups de pinces déments de la bête, tout en continuant à la mitrailler de faisceaux vermeils, afin de la maintenir à distance.
En fin de compte, il parvenait à tenir tête au Lucanifex...mais pour combien de temps ?
Car, je le voyais bien, le psyker commençait à faiblir. Son visage décharné était tendu par la fureur, mais aussi par l'épuisement, et la sueur suintait en gouttes salées par chaque pore de sa peau. Les traits de feu s'éclaircissaient et ses attaques devenaient de moins en moins virulentes. Il commençait à perdre sa concentration, et ne tarderait pas à succomber à l'exhaure.
Il y eut un bourdonnement et son aura charnelle se clairsema, jusqu'à s'éteindre totalement. De ses doigts jaillirent encore quelques étincelles puis son esprit l'abandonna tout à fait.
Éreinté, il fit un pas en arrière, et s'affala contre un mur, haletant péniblement alors que le Carnifex hurlait toujours, lentement consumé par le brasier psychique.
Brusquement, le monstrueux flambeau se cambra et, d'un borborygme sonore, projeta une gerbe de fluide verdâtre en direction de l'Astartes. Celui-ci leva lentement les yeux vers la bête ; et les écarquilla en surprise alarmée en voyant le projectile fuser vers lui.
Le cri déchirant qu'il poussa lorsque le venin liquéfia son torse crissa dans ma tête en une lamentation lancinante et j'eus l'impression que mon crâne allait exploser tant cela me faisait mal.
Je n'en suis plus très sûr mais je crois que sur le coup, j'ai hurlé moi aussi à cause de la douleur.
Bouleversé par l'élégie psychique du mourant, je discernai avec peine son poitrail d'acier fondre à vue d'?il, exposant la chair à l'air alors que sa cage thoracique se ratatinait sur elle-même.
Mais ça ne s'arrêtait pas là.
Toujours brûlant, le Lucanifex se rua vers le psyker et, dans un gargouillis écoeurant, l'embrocha sur ses griffes tranchantes. Le sang gicla du thorax du Space Marine, et j'aperçus avec horreur son c'ur qui commençait à jaillir de l'omoplate, à moitié pendu à ses veines et à moitié accroché à une lame.
Je me dis avec appréhension qu'au moindre mouvement, l'organe serait arraché des capillaires sanguins ; ce qui signerait l'arrêt de mort du Dark Angel.
Ça se corsait pour l'Astartes. Maintenant qu'il n'avait plus la force d'utiliser ces pouvoirs psychiques, il semblait condamné, étant donné qu'il n'avait plus ni armes, ni armure.
C'est ce que je crus tout d'abord. Je me trompais.
Avez-vous déjà entendu parler des glandes de Betcher ?
Parmi les dix-neuf implants organiques qui font d'un Space Marine ce qu'il est, les glandes de Betcher sont le numéro dix-sept. On les insère à l'organisme humain vers la seizième année de formation, alors que le processus d' « Astarterisation » est déjà bien avancé.
Placées à l'intérieur de la lèvre inférieure, à côté des glandes salivaires, ou dans le palais buccal, ces petits organes fonctionnent de manière semblable aux glandes de poison des reptiles venimeux. Elles synthétisent et stockent un venin mortel, auquel les Space Marines deviennent alors immunisés. Une qualité déjà fort appréciable, mais certainement pas la meilleure, n'est-ce pas ? En effet, celui qui est équipé de ces glandes à également la faculté de
cracher ce fameux venin qui, en plus d'être acide et corrosif, aveugle et paralyse la cible. Ainsi, même nu et sans armes, un Astartes peut malgré tout demeurer létal, et plus d'un ennemi trop confiant a péri par un jet d'acide de la part d'un Marine qu'il pensait inoffensif.
Quoique...le nombre de cas pareil à celui-ci était tout de même d'une extrême rareté et il arrivait même souvent que certains Space Marines s'interdisent d'user de ce genre de stratagème, le considérant ou trop barbare, ou trop rabaissant car les comparant à des bêtes sauvages ou - pire - à certaines espèces xenos.
Dont les tyranides.
Cependant, aveuglé par la rage et l'agonie mordante, manchot, épuisé, encore maintenu en vie seulement par l'énergie du désespoir, le Dark Angel ne sembla pas s'embarrasser de telles considérations. Les traits distordus par la souffrance, il baissa les yeux vers le monstre toujours en flammes et, visant les yeux, contracta la poitrine...et à son tour cracha une gerbe de poison sur le tyranide.
Surpris, celui-ci se figea ; et vociféra à nouveau sous l'assaut de la douleur. Il tenta de broyer l'Astartes sous ses griffes, mais il sentit avec stupeur son corps se rigidifier, jusqu'à se pétrifier complètement au bout de quelques secondes.
Je demeurai hagard devant cet acte fou mais brillant, qui venait de rallonger de manière drastique l'espérance de vie de l'Archiviste.
En effet, elle venait de passer de quelques secondes à quelques minutes. Pas si mal.
Pourtant, le temps pressait toujours, la durée de paralysie du venin n'était pas infinie et, étant donné la résistance naturelle que possédait assurément la bête, elle ne tarderait pas à recouvrer rapidement ses moyens, encore plus folle de rage qu'auparavant.
Mais voilà, comment triompher d'un Lucanifex, même inerte, alors que l'on était soi-même désarmé, mourant, que l'on avait une lame d'un mètre de long dans le corps, au bout de laquelle pendait dangereusement le c'ur qui nous maintenait miraculeusement en vie ?
Là encore, l'originalité de l'Astartes m'ahurit, autant qu'elle m'horrifia.
Celui-ci, ruisselant de sueur et de sang, saisit le bras musculeux qui le suspendait en l'air et, sollicitant les dernières forces que son corps meurtri lui procurait, commença à se tracter plus avant vers le monstre. L'hémoglobine gicla alors que la griffe s'enfonçait plus profondément et - comme je m'en étais douté - les rares artères qui joignaient encore le c'ur au reste des chairs cédèrent dans un claquement sec.
C'était terminé.
C'ur auxiliaire.
Le tout premier implant, le plus simple et le plus basique de tous, le premier implant que recevait un Astartes lors de sa formation était le c'ur auxiliaire. Destiné à décupler la vitesse de circulation sanguine dans l'organisme, il agissait également comme filtre de dioxygène, capable de capter les plus infimes parcelles de cette molécule dans l'air, permettant ainsi à son possesseur de survivre dans des environnements à très pauvre atmosphère ou dans les vapeurs souillés des mondes stérilisés.
Une question que je m'étais toujours posé était de savoir si, s'il arrivait par hasard que ledit c'ur soit malencontreusement arraché du corps Space Marine, celui-ci survivait-il à l'amputation non-consentante, ou bien s'il agonisait misérablement sur le sol en se tordant de douleur et en maudissant le nom de son chirurgien ? Ou encore s'il survivait, mais qu'il était soudainement victime d'une anémie spectaculaire, devenant alors, comme le disaient si bien les peaux-vertes « tou mou et tou roz » ?
J'avais désormais ma réponse.
Encore palpitant de ses dernières gouttes de sang, le coeur secondaire pendait désespérément au bout de la griffe du monstre, alors que l'Astartes continuait à s'embrocher toujours plus profondément, au mépris du liquide écarlate qui ruisselait de sa poitrine.
Froootch ! D'un élan macabre particulièrement sonore, il parvint finalement à se hisser jusqu'à la gueule toujours ouverte du Carnifex.
Son souffle n'était plus qu'un râle misérable à présent. Pourtant, les mots qu'il prononça en engouffrant ses bras dans le gosier de la bête me parurent aussi clairs que s'il les avait scandés devant moi.
-
Ignis...Claustra...! Un instant, l'intérieur de la bouche irradia une vive lueur blanche...avant que les flammes en jaillissent comme l'enfer, l'immolant intégralement de l'intérieur dans une vocifération furibonde. Complètement fou furieux, le tyranide était sorti de sa torpeur et, agité de spasmes démentiels, beuglait, grondait, alors que sa cervelle se consumait sans qu'il puisse rien y faire.
Le Dark Angel fut déchiré, écartelé, littéralement réduit en charpies au sens le plus gore et le plus crû du terme, ses entrailles volant en tous sens, répandant des litres et des litres de sang dans l'air lourd de haine.
Et de triomphe. Car, malgré tout, c'était lui qui avait finalement gagné.
Il avait vaincu le Lucanifex.
Dans un dernier soubresaut, l'animal poussa un ultime mugissement, et s'effondra sur le sol dans un fracas assourdissant, sa carcasse pantagruélique gravant sa monstrueuse empreinte dans l'iridium.
Il y eut un gargouillis, et le silence retomba.
Ni moi, ni aucun d'entre nous ne prononcèrent un mot. Nous demeurions de marbre, immobiles, scrutant toujours les restes ensanglantés du plus courageux, du plus fier, et du plus désespéré des Astartes. Seul face à sa destinée, face à la personnification même de la violence bestiale, il avait triomphé, avant d'être finalement englouti par la mort inéluctable.
Velminzey me tapota doucement l'épaule, et je me retournai. Imité par Helblivion, je le suivis jusqu'à ce qui me parut être une petite pièce sordide, cernée de quatre murs sales et ternes, lesquels étaient parcourus de lézardes. La grille qui avait du autrefois l'obturer gisait sur le sol de manière misérable, et je vis à la façon dont elle avait été défoncée que celui qui l'avait forcée devait avoir une force extraordinaire.
Ou des pouvoirs psychiques dévastateurs.
Je ne mis pas longtemps à deviner qu'il s'agissait là d'une cellule, bien que la présence de telle installation dans le sous-sol d'un complexe Arbites me surprit. Cependant, ce n'était pas là la raison pour laquelle le Bone Stinger nous y avait amenés.
D'un geste de la main, il nous fit signe d'entrer à l'intérieur. De près, les parois étaient encore plus déplorables qu'elles n'en avaient l'air. Grossièrement bâties, parcourues de fissures en maints endroits, les moellons grisâtres qui les constituaient étaient enfoncés de manière inégale, certains complètement incrustés dans d'autres qui, au contraire, ressortaient.
Quand bien même, je ne voyais toujours pas l'intérêt de ce trou.
Attirant mon regard sur une pierre qui saillait particulièrement, Velminzey la saisit à deux mains ; et d'un coup sec, l'arracha de la construction. Sur le coup, je fus convaincu que l'entièreté de la pièce allait crouler sur elle-même, si l'équilibre déjà précaire du matériau était ainsi perturbé. Il n'en fut rien.
Voyant mon regard interrogateur, le Bone Stinger plongea sa main dans la cavité, et j'eus la surprise de l'en voir sortir un rouleau de parchemin jauni, poussiéreux, et - ce qui me troubla le plus - taché de sang. D'un geste leste, il défit le pli, et nous nous approchâmes pour voir ce qui y était inscrit.
A première vue, le document semblait avoir un certain âge, la couleur du support y prétextant bien sûr, mais les blancs - si l'on pouvait appeler cela des blancs - dans l'écriture témoignant également de l'usure de l'encre.
De l'encre ? Non. Du sang.
Nous lûmes.
Je suis Exsulius, Archiviste Epistolier de la Quatrième Compagnie du glorieux, du p-_-' et du premier de tous les Chap_ celui des Dark Angels.
Je suis détenu ic_ -epui- bientôt hui_
La suite était illisible.
Ainsi donc, je ne m'étais pas trompé. Cette loque humaine nue et décharnée était bien Archiviste Dark Angel. Connaissant le caractère stoïque et opiniâtre - et, oserai-je le dire, fortement obtus - de ce Chapître, nul étonnement qu'il aie été prêt à risquer jusqu'à sa vie pour triompher de l'ennemi.
Après avoir vainement tenté de déchiffrer la suite des caractères séchés, nous reposâmes avec précaution le rouleau dans son trou, avant d'y replacer la pierre.
Bon. Voilà, il s'appelait Exsulius, il était détenu ici depuis huit...? Mais en quoi cela nous aidait-il ?
Une seule manière de le savoir.
Attrapant un autre moellon, j'imitai Velminzey et l'extirpai du mur d'une traction de bras. Je sondai la faille et - c'était à parier - en arrachai un second parchemin. Un sentiment de frustration m'envahit en voyant que quasiment toutes les lettres en étaient déjà à demi-éffacées.
- La belle affaire ! lança Helblivion en scrutant le rouleau. Tsk ! Pas un mot de lisible et...Terra !
D'un geste brusque, il m'arracha la feuille froissée des mains, et je vis soudain ses pupilles s'agrandir.
- Là ! s'écria-t-il en me plaquant le papier sous le nez.
Quoi, là ?! Plissant les yeux, j'essayai péniblement de lire, mais les lignes étaient brouillées et c'était presque impossible. Sans grande conviction, je déchiffrai lentement un U - ou un V, plutôt - ...un A... Et alors ?! Un L... Un K... Je commençais à perdre patien...
Un K ?
Ecarquillant au maximum les yeux, je me repenchai sur mon ouvrage, avec plus d'ardeur à présent.
Y. R. I.
La dernière lettre était réellement effacée, mais je n'eus aucune peine à la deviner.
V.A.L.K.Y.R.I. Et E.
- Alors ?
Je me retournai, et fus confronté à l'?il interrogateur de Luca Velminzey. Pour toute réponse, je lui tendis le parchemin.
Il eut d'abord la même réaction que moi. Puis je vis ses traits se tendre, et il s'exclama après quelques secondes :
-
Valkyrie ! Le Commandeur Valkyrie.
Ainsi donc, Exsulius y avait également eu affaire... Voilà qui rendait subitement les choses bien plus intéressantes.
- Regardez ça.
Dans sa main, Helblivion tenait ce qui semblait être une sorte de puce électronique. De la taille d'un ongle, le composant semblait avoir été admirablement bien conservé, car toutes les soudures étaient en place et aucun grain de poussière n'obstruait l'objet.
- C'est un module de mémorisation numérique Mk VII, expliqua le Techmarine. Il s'insère dans la partie frontale du heaume, juste au-dessus de l'optique droite, et est relié à un système de photo-réception situé dans la visière. Il permet d'enregistrer des séquences vidéos simplement en les regardant, afin d'agrémenter un rapport de bataille, de revisualiser le déroulement d'un combat pour des simulations ou des briefings, ou au cas où...
Il marqua une pause.
- Au cas où le possesseur meurt, le module enregistre le son et les images pour qu'on puisse revisionner avec précision les conditions de sa mort, termina-t-il. Une telle installation est normalement réservée aux officiers de haut rang, ajouta-t-il.
- On peut visionner ce qu'il y a dessus ? questionna Velminzey.
- Hum...il n'a pas l'air en trop mauvais état, alors ça pourrait être possible, répondit Helblivion. Si nous avions un casque...
Le Bone Stinger comprit et, avec une moue agacée, décrocha l'armet qui pendait à sa taille.
Laqué d'un noir de jais, l'objet était une oeuvre de maître, ornée de symboles macabres et de divers gravures, la plupart des rites de bannissement démoniaque ou des glyphes de résiliation psychique destinées à consumer l'âme des psykers auxquels était confronté le Psycho-nihiliste - j'ignorais de quelle manière fonctionnaient ces glyphes, mais je ressentis une vague appréhension en pensant à ce qu'elles pourraient causer comme effet à un être aussi dépendant du psychisme que moi... Les fentes de la visière semblaient des puits de ténèbres, et j'eus une impression étrange en essayant de scruter à travers... Et au-dessus, en lettres de feu,
Bone Stinger, surplombé d'un ankh ailé. La croix ludienne, le symbole du Chapître.
Je fus fasciné de voir avec quelle dextérité et quel savoir-faire le Techmarine déboulonna l'intérieur du heaume, plaça le module à l'emplacement requis, avant de remonter le mécanisme du plat de la main, tout en marmonnant les psaumes incompréhensibles que le Clergé de Mars lui avaient enseignés. Tout ça sans outils.
Décidément, Cortecon avait raison. Si nous n'avions pas l'Adeptus Mechanicus pour rythmer la vie de l'Imperium, nous voyagerions dans l'espace à bord de rafiots délabrés et nous lancerions la conquête de planètes avec des galets et du sable.
- Terminé, lança l'Urban Striker en rendant le casque à son possesseur respectif. Maintenant, il faut activer les circuits de la machine en la revêtant, et nous pourrons voir ce que nous cache ce petit bijou.
Velminzey reprit l'armet. Mais il ne l'enfila pas.
- Un problème ? demanda Helblivion.
- Je dois...le mettre ?
- Et bien...oui, c'est à peu près le but de la man'uvre, répliqua l'autre, une pointe d'ironie dans la voix.
Le Psycho-nihiliste siffla entre ses dents et, après un instant, se tourna vers moi.
- Sors d'ici.
- ...?
- Sors d'ici, répéta-t-il plus fermement.
Soit. Reculant, je sortis de la cellule.
- Et maintenant ? lançai-je avec un haussement de sourcils.
Pour toute réponse, il poussa un soupir exaspéré, ramassa sa chevelure d'argent...et revêtit le heaume.
Je m'étais demandé quels effets pouvaient bien avoir les glyphes de résiliation sur mon âme. La réplique fut violente.
L'éclat de lumière bleuté qu'irradièrent les runes fut si puissant que je dus détourner la tête pour ne pas être aveuglé. Une fraction de seconde, et une détonation tonitruante retentit, suivie d'une explosion assourdissante qui m'envoya valser en arrière, me fracassant le corps contre un adamantium qui me parut beaucoup plus dur lorsque je le percutai, que lorsque je m'en servais comme armure. La déflagration me broya contre le mur quelques secondes...
Puis tout s'arrêta.
- Engelson ?
Une poigne d'acier attrapa ma main et me remit sur mes jambes. Le monde était encore flou pour moi, et il me fallut quelques secondes pour reconnaître les traits de Varlimos Helblivion.
- Ça va ? demanda-t-il en me laissant récupérer du choc.
Si ça allait ? A première vue, je n'avais aucun os cassé, et je sentais encore mes membres.
- C'est bon, articulai-je en le repoussant.
- C'était...spectaculaire, commenta-t-il en haussant les sourcils.
Je ne savais pas si je devais le remercier ou lui envoyer mon poing dans le visage.
Je m'abstins et restai immobile. Quelques mètres plus loin, toujours debout dans le cachot, Velminzey était tourné vers moi. Les glyphes sur son casque continuaient de miroiter, plus faiblement, et je pus le regarder en face - demeurant tout de même à bonne distance.
Je vis que les optiques de sa visière jetaient à présent des reflets luminescents, d'une couleur semblable aux runes mais de manière plus vive. Je tentai de le regarder dans les yeux, mais je me surpris à détourner involontairement les miens. Je réessayai mais mon corps ne m'obéissait plus, et je ne pus soutenir la pleine intensité de son regard.
- Voilà pourquoi ça me gênait d'avoir à le mettre, me lança-t-il d'une voix encore plus caverneuse que de coutume.
Pas d'excuses. Si j'avais pu, lui aussi je lui aurais mis mon poing dans le visage.
- Ah ?
Il tapota la partie frontale de l'armet, plusieurs fois, avant de s'exclamer :
- Je l'ai trouvé. L'enregistrement qui précède sa capture. Le dernier du séquenceur, daté de huit jou...huit mois ?!
- Ça concorde, approuva Helblivion. Ce doit être celui-ci.
Le Bone Stinger hocha la tête et tapota une dernière fois.
Aussitôt, une projection holographique semblable à celle qu'il m'avait montrée dans sa crypte quelques heures plus tôt se matérialisa à nos pieds. Réglant la molette d'ajustage, il donna à l'image les dimensions suffisantes pour que nous puissions la visualiser tous les trois de la manière la plus optimisée possible.
***
-
FEUUU !- Maître Exsulius, attaque sur le flanc droit !
- Envoyez l'escouade d'assaut Tyrius pour contrecarrer ces abominations !
- Frère-sergent Tyrius est déjà engagé par les gaunts !
- Alors nous enverrons ces horreurs en enfer nous-mêmes.
- A vos ordres, Maître.
-
POUR LE LION ET L'EMPEREUR !***
-
SUBISSEZ LE COURROUX DE L'EMPEREUR DE L'HUMANITE !
***
- Maître, ils sont trop nombreux, nous ne tiendrons pas !
- Alors maintenez-les à distance, au moins !
- Nous usons nos dernières munitio...ATTENTION !
-
Crève, insulte à l'Empereur !- Hungh...!
-
NARAËL !***
- IGCRZZTIS CLAUSTRRRZZ...!
***
Le module crépita encore pendant quelques secondes, avant que le son s'évanouisse définitivement.
Les dernières images présentaient un indicible chaos.
Cerné de manière alarmante par une masse grouillante de gaunts en furie, Exsulius luttait, au pied des batteries ronronnantes des bolters lourds d'un Predator Destructor. L'une des chenilles en était endommagée, et un amas de brume grisâtre annonçait que le mécanisme était hors-service.
Ce qui signifiait que le véhicule était immobilisé.
Les canons-mitrailleurs rugirent encore un peu, fauchant tyranide sur tyranide, avant de brusquement se taire. Plus de munitions. Ils étaient mal.
Très mal.
A peine le tonnerre de bolts avait-il expiré ses dernières balles que la rampe arrière du char s'abattit dans un fracas silencieux mêlé de clameurs vides, auxquelles s'adjoignirent bientôt le roulement tonitruant des bolters ; vociférant leur ardente soif de haine, les Dark Angels s'extirpaient de la bouche d'acier pour faire hurler la mort sur les ennemis de l'Empereur.
Hélas, très vite, les chargeurs tombèrent à vide eux aussi.
Et la cohue de gaunts semblait n'en pas finir. Un océan de griffes, de pinces et de crocs, bavant et raclant le sol de leurs pattes crochues, prêts à se jeter sur le carré d'Astartes au moindre signal, et à les réduire en chair à pâté sans aucune échappatoire.
Décidément, ils étaient vraiment mal.
Wooosh ! Brusquement, un hormagaunt bondit sur l'un des Space Marines, ses membres grêles et effilés tendus vers sa gorge avec la ferme intention de la faire choir de ses épaules. D'un geste leste, le géant d'airain dégaina son épée-tronçonneuse et trancha net le tronc du tyranide, sciant sa cage thoracique dans le sens de la largeur, et la séparant du bassin dans un pulsar de fluide brun.
Aussitôt, la marée noire rua comme un seul homme - ou plutôt, comme un seul Esprit de la Ruche - , et tout ne fut plus que folie.
L'enregistrement continua à se dérouler, mais une forme floue jaillit soudain au centre de l'image et, une fraction de seconde plus tard, un gros plan louable de précision d'un obus de forme elliptique vint obstruer le champ de vision du module, avant de percuter l'optique dans un flash éblouissant.
Des débris de métaux saturèrent le paysage, et le monde tangua un instant...avant de basculer en arrière pour s'écraser lourdement sur la glaise. L'Archiviste tenta de se relever, mais un autre projectile fusa dans sa direction, et pour la seconde fois, nous aperçûmes l'iridium voler en éclats.
Cette fois, plus rien ne se mut, et tout fut englouti par les ténèbres.
Je demeurais interdit ; car, bien que la confusion de la lutte aie brouillé les dernières scènes, la forme ovoïde qui avait mis à bas Exsulius était reconnaissable entre mille pour mon oeil Deathwatcher.
En effet, une seule race dans toute la galaxie utilisait le noyau de combustion photonique pour ses missiles.
____________________________________________________________________Voilà, une bonne chose de faite.
Bon, pour ceux qui ne l'auraient pas saisi, les pouvoirs psychiques de l'Exsulius-man sont tirés des dexs Chasseur de Sorcières (Paume de Fer et Purgatus) et Dark Angel (Barrière de Feu, le machin F2D6-2). Tourné en latin parce que c'est plus fun.
Bon, j'en vois déjà certains venir avec leur " Ouais mais euh, là c'est encore plus trotroforre qu'avant, ton Dark Angel il est boosté aux amphétamines ou quoi oO ? " ; oui, c'est vrai qu'il a bien fait son malin celui-ci, mais je vous promet que c'est la dernière fois que je ressors le coup du héros tragique face à son destin qui roxxe quand même en dépit de tout
Enfin, je promet...je le dis, quoi ^^
Bref.
BananaChop.